Page 1025 - Dictionnaire de la Bible de J.A. Bost 1849 - 2014

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une autre forme; sans essayer non plus de rappeler comment les différents commentateurs ont voulu
trouver l'empire romain tour à tour dans les Kittim de Nombres 24:24, et dans le Tubal d'Ésaïe 66:19, à
côté d'explications,
— Voir: Édom,
et de contradictions plus bizarres encore, nous nous bornerons à rappeler les rapports de l'histoire
romaine avec l'histoire juive, tels que nous les indiquent les livres canoniques du Nouveau Testament et
les apocryphes de l'Ancien. Les prophètes déjà, et Daniel en particulier, ont parlé de cet empire, mais
d'une manière trop obscure, et dans un but trop spécial, pour que l'examen de leurs oracles appartienne à
notre travail.
Ce fut l'an 161 avant J.-C. que les Juifs entrèrent, pour la première fois, en rapport avec les Romains
comme nation. Judas Maccabée conclut avec eux une alliance défensive, qui devait mettre son pays à
l'abri des tentatives, toujours renouvelées, de Démétrius, roi de Syrie, 1 Maccabées 8. Ce furent cependant
moins ces alliances que les querelles de succession au trône de Syrie, qui procurèrent aux Juifs le repos, et
qui donnèrent à leurs princes un certain poids et une certaine indépendance dans les questions de la
politique de l'Orient, 1 Maccabées 10, et 11. Jonathan, en 144, puis Simon, l'un et l'autre frères de Judas
Maccabée, renouvelèrent successivement encore l'alliance avec le sénat romain, 1 Maccabées 12:1-16;
14:24, et Simon, ayant envoyé Numénius avec un grand bouclier d'or, eut l'avantage de voir son
ambassadeur très bien reçu, et son peuple appelé l'ami, l'allié, le frère du peuple romain, dangereux
honneur qui ne lui valut jamais rien de bon. Jean Hyrcan, son successeur, sut se maintenir, seul et sans
secours étranger, au milieu des agitations continuelles de la Syrie, et ne sentit qu'une fois, à propos de
quelques déprédations occasionnées par Antiochus Sidétès, l'utilité de l'alliance romaine (Flavius Josèphe,
Antiquités Judaïques 13; 9, 2).
Les Romains acquirent une influence et une prépondérance plus décisive sur les affaires juives, lors des
luttes qui s'élevèrent entre Hyrcan II et Aristobule II, à propos du trône. Les deux partis sollicitèrent
l'intervention du général Scaurus, que Pompée envoyait contre Tigrane, puis celle de Pompée lui-même,
qui venait d'arriver à Damas; celui-ci marcha contre Jérusalem, la prit d'assaut, et nomma Hyrcan
souverain pontife et prince des Juifs, en réduisant son territoire à ses anciennes limites, et sous la
condition qu'il paierait aux Romains un tribut annuel. Dès lors les Juifs furent soumis à l'administration
militaire du président de la Syrie, de l'avidité duquel ils eurent maintes fois à se plaindre, et la monarchie
dégénéra peu à peu en une aristocratie. Jules César, qui porta en Orient la politique modifiée de l'empire
romain, ramena la monarchie, et se montra, par plusieurs décrets, assez favorable aux Juifs; mais il donna
comme adjoint à Hyrcan, un Iduméen nommé Antipater, qui, en réalité, exerçait seul les droits et les
fonctions de la royauté. Les Juifs furent de nouveau déclarés les amis du peuple romain, quoiqu'ils ne
fussent que ses sujets, et ils restèrent tels assez longtemps, sauf un moment d'indépendance que leur
procura une irruption des Parthes sur les possessions romaines. L'an 40 avant J.-C., le sénat de Rome
nomma Hérode comme roi (mais roi vassal) des Juifs; on a vu, à l'article des Hérodes, ce que devint le
peuple sous la domination de cette famille. Après qu'Archélaüs eut été détrôné, une partie du pays passa
directement sous la domination et l'administration romaine, tandis que la Judée et la Samarie, annexées à
la Syrie, furent soumises à l'administration de procurateurs, dont la résidence habituelle fut fixée à
Césarée; la Batanée et la Gaulonite éprouvèrent le même sort, l'an 33 de Christ. En 38 et en 42, Hérode
Agrippa devint roi de la Galilée et de la Pérée, puis de la Judée et de la Samarie; mais il mourut en 44, et
dès lors la Palestine tout entière demeura romaine, à l'exception de la Batanée et de quelques villes de la
Galilée, qui furent données, en 52, au tétrarque Agrippa II.
La religion juive et l'exercice du culte restèrent libres, même sous la domination la plus immédiate de la
politique romaine qui, par indifférence ou par principe, sut toujours respecter la foi des provinces
conquises. L'administration de la justice civile fut de même abandonnée aux autorités municipales des
Juifs, et le sanhédrin paraît n'avoir eu à s'occuper en général que des causes essentiellement criminelles.
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