Page 1024 - Dictionnaire de la Bible de J.A. Bost 1849 - 2014

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Composés d'après un grand nombre de sources qui sont indiquées au fur et à mesure, et qui ont presque
toutes pour auteurs des prophètes, Nathan, Ahija, Hiddo, Sémaja, Jéhu, etc., ces deux livres racontent
l'histoire d'Israël et de Juda, depuis Salomon jusqu'à Sédécias et Jéhojachin, qui fut tiré de prison la trente-
septième année de sa captivité, et vécut en liberté jusqu'au jour de sa mort, sous Évilmérodac, roi de
Babylone, qui lui accorda une pension. Ce dernier trait sert à fixer l'époque de la rédaction définitive de
ces livres. On assiste à la mort de Jéhojachin; il meurt sous Évilmérodac, et, au dire de Bérose, rapporté
par Flavius Josèphe, Évilmérodac n'a régné que deux ans. La date est précise, ou à peu près. Or, sauf une
mention incidente faite d'Urie (— Voir: Jérémie 26:20), Jérémie est le seul prophète de cette époque, où les
oracles de Dieu étaient rares. Jérémie paraît donc avoir été le collecteur-rédacteur de ces deux livres qui
conduisent jusqu'à son temps, et le témoignage talmudique (Baba Bathra), qui n'est jamais complètement
à mépriser, reçoit, dans ce cas particulier, la sanction de la vraisemblance et de toutes les probabilités
réunies. Les Livres des Rois sont placés, dans le canon hébreu, parmi les livres prophétiques (N'biim), ce
qui suppose qu'au point de vue des Juifs ils jouissaient d'un haut caractère d'inspiration. Le style a
beaucoup d'analogie avec celui de Jérémie, et les rapports sont souvent frappants, quelquefois textuels, cf.
par exemple 2 Rois 17:10; Jérémie 2:20; 2 Rois 25:1; Jérémie 39:1. — 2 Rois 47:14; Jérémie 7:26.
— Quelques idées reviennent avec fréquence dans les Rois et dans Jérémie, notamment celle de la
permanence de la maison de David sur le trône, cf. 1 Rois 2:4; 8:25; 9:5; Jérémie 33:17; 13:13; 17:25; 22:4, et
l'auteur des deux ouvrages affecte de rechercher volontiers des expressions empruntées à la loi de Moïse,
les appliquant d'une manière tantôt historique, tantôt prophétique, suivant le but qu'il poursuit, cf.
Deutéronome 13:17; 2 Rois 23:26; Jérémie 4:8. Quant au rapport qu'il y a entre Jérémie 52, et 2 Rois 24:18;
sq., on peut voir que ce morceau, tout à fait conforme à l'ensemble de l'histoire des Rois, et sorti de la
même plume, se présente isolé à la lin des prophéties, et il est évident que le collecteur des prophéties de
Jérémie ne l'a placé à la fin de ce recueil que parce qu'il ne pouvait y avoir aucun doute sur la personne de
son auteur; en outre, comme ce morceau, dans Jérémie, est plus développé qu'il ne l'est dans le Livre des
Rois, il y avait de l'intérêt à ce qu'il ne fût pas retranché et laissé de côté. Le prophète avait écrit les
mémoires de son temps comme d'autres l'avaient fait avant lui, et ce sont ces mémoires qui terminent à la
fois ses oracles et son histoire des rois. L'opinion qui fait d'Esdras ou d'Ézéchiel l'auteur de cette
collection, se justifie difficilement, et n'a pour elle ni la tradition, ni des raisons suffisantes.
Le but que s'est proposé l'auteur de l'histoire des rois est à la fois didactique et prophétique; il a moins en
vue de raconter et de décrire, que d'instruire et de rendre attentif. Il apprend aux peuples et aux rois que
le principal de la sagesse, c'est la crainte de l'Éternel; il leur rappelle les avantages de la piété, les maux de
l'idolâtrie, l'incertitude des choses humaines; il met enfin devant leurs yeux l'unique et véritable roi de
Juda selon l'Esprit, Jésus le descendant des rois selon la chair, dont la sainteté, les perfections, la justice,
doivent être prises d'avance pour modèles par ceux qui occupent le trône que le Messie doit occuper un
jour. Il met en relief aussi les rapports du prophétisme avec la royauté, faisant pénétrer l'un dans l'autre,
et montrant combien la royauté est essentiellement théocratique, puisqu'elle succombe toutes les fois
qu'elle méconnaît les enseignements transmis de Dieu par la bouche des prophètes. Les oracles et la vie
de ceux-ci occupent une aussi grande place dans ces deux livres que les actions des rois, et se combinent
avec elles de manière à n'offrir aux lecteurs qu'un ensemble d'enseignements éminemment religieux et
pratiques. Le premier livre renferme l'histoire de 118 ans; le second raconte les faits des 320 dernières
années de la vie nationale d'Israël et de Juda. On peut voir, à ces deux articles, ce que nous avons dit sur
les difficultés chronologiques qui résultent de la comparaison de ces livres avec les Chroniques.
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ROME
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1.
(Empire de Rome). Sans nous arrêter ici à faire une histoire même fort abrégée de ce vaste
empire, si puissant qu'il n'a fini par mourir que pour renaître bientôt après avec d'autres noms, et sous
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