— Voir: ce que nous avons dit à l'article Jérémie (Lamentations).
Les psaumes sont des poésies, mais dont la forme est perdue pour nous,
— Voir: à l'article Poésie.
On y reconnaît d'une manière générale des vers, quelquefois des strophes, un certain parallélisme de
pensées et même d'intonations, mais il faut renoncer à y trouver des pieds et ce qu'on appelle même la
quantité dans les syllabes. Les découvertes que l'on a cru faire sous ce rapport, n'ont pas résisté à un
examen plus approfondi, et si l'on se rappelle que la véritable prononciation hébraïque est encore un
problème, on comprendra que la versification, le rythme, la prosodie des Hébreux, le soit également.
L'authenticité et la canonicité du livre des Psaumes ont toujours été reconnues par les Juifs et par les
chrétiens; quelques sectes, les nicolaïtes, les gnostiques, les manichéens, parfois des anabaptistes, ont
seuls contesté que David ait été prophète, et que les psaumes soient l'ouvrage du saint Esprit. L'une des
raisons que l'on a fait valoir avec une apparence de solidité contre l'inspiration de quelques psaumes, ce
sont les imprécations du prophète contre ses ennemis et contre les méchants. Les Pères expliquent
ordinairement ces passages comme ne contenant que de simples prédictions des maux que Dieu réserve à
ceux qui font le mal; Chrysostôme dit que le prophète n'exprime pas ses propres sentiments, mais ceux
des autres; Athanase spiritualise ces ennemis et pense qu'il ne s'agit pas des hommes, mais des démons.
Cette opinion n'est pas un expédient, mais une vérité peut-être trop spiritualisée; il est probable que
David pensait aux hommes visibles et non à des ennemis invisibles, mais pour le roi théocratique, les
ennemis de la théocratie étaient les ennemis de Dieu, les agents et les représentants du malin, et celui qui,
vivant, pardonnait comme individu à Simhi, prophète, sur son lit de mort, ne lui pardonnait plus. Au
point de vue de la théocratie, et il importe que l'on s'y place, les paroles du prophète ont, non pas une
signification, mais une portée toute différente de celle qu'elles auraient dans le langage ordinaire; elles
partent de la glorification de Dieu, et lui subordonnent tout; l'établissement du règne de Dieu a une bien
autre importance que la vie ou la mort de ses ennemis, et d'ailleurs, ce n'est pas de leur mort qu'il s'agit,
mais de leur cessation, de leur destruction, sous quelque forme qu'elle se présente; ce peut être la mort, ce
peut être la conversion, ce doit être une fin d'opposition et d'antagonisme. Nous n'oublions pas que
l'Église romaine, qui confond habituellement sa cause avec la plus grande gloire de Dieu, a pris l'habitude
aussi, depuis qu'elle s'est manifestée, de vomir la mort contre ses ennemis et qu'elle conclut facilement de
l'usage à l'abus, en matière d'autorité. Mais Dieu et l'Église romaine sont deux choses distinctes, et les
droits de l'un ne font pas les privilèges de l'autre. Nous ne pouvons confondre l'Église avec son chef sous
aucun rapport, et celui-ci peut, seul mettre toutes choses sous ses pieds. L'Église chrétienne même ne
saurait adopter à son usage une pareille doctrine, et elle l'a répudiée depuis qu'elle a répudié le moyen
âge, Rome et ses traditions. Il suffirait, d'ailleurs, de voir l'usage que le papisme a fait de la formule ad
majorem Dei gloriam, pour être bien persuadé que l'Église de Rome n'a rien à démêler avec le sainte
indignation du psalmiste contre ses ennemis.
On trouve des difficultés de plus d'un genre dans l'étude des psaumes, mais ce n'est pas à ces difficultés
qu'il faut attribuer, comme le fait Calmet, le grand nombre de commentaires qui ont paru sur ce livre. S'il
a mérité de fixer l'attention des théologiens de tous les temps, c'est, non point à cause de ce qu'on n'en
comprend pas, mais à cause de ce qu'on en comprend. Ce livre est unique, seul de son espèce dans la
Parole de Dieu. Tous les autres nous représentent Dieu parlant à l'homme, celui-ci nous montre l'homme
parlant à Dieu. Les psaumes sont en quelque sorte la réponse de l'homme aux révélations divines, à la loi,
à la grâce, à la sainteté, à l'amour, à la justice, et à la vérité de Dieu. Et chaque homme peut trouver dans
chaque psaume l'expression de ses sentiments chrétiens, de ses désirs, de ses actions de grâces. De là
vient cette vénération, cet amour universel, presque exclusif chez quelques-uns, que l'on rencontre pour
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