Page 886 - Dictionnaire de la Bible J.A. Bost

Version HTML de base

Ce nom, dont la signification revient en grec à celle de chef de famille, est employé dans cette
signification générale en parlant de David et des fils de Jacob dans le Nouveau-Testament, Actes 2:29; 7:8-
9. Dans un sens plus restreint, il désigne les fondateurs de la nation juive, et les pères du genre humain,
ou plutôt parmi eux et d'une manière plus particulière, ceux qui appartiennent à la ligne directe dans
laquelle se sont perpétuées les promesses, ainsi, parmi les enfants d'Adam, la ligne de Seth, parmi ceux
de Noé, la ligne de Sem, parmi ceux d'Héber, celle des Hébreux, Tharé, Abraham, Isaac, etc.
Ordinairement, et, d'après une espèce de convention tacite mais universelle, on regarde Jacob comme le
dernier des patriarches. Dans ce sens, le Nouveau Testament ne donne ce nom qu'au seul Abraham,
Hébreux 7:4.
Leur histoire, que l'on trouvera sous chaque article particulier, ne peut nous occuper ici, nous nous
bornerons à quelques observations sur le grand âge auquel ils sont tous parvenus, problème tout
ensemble de physiologie et de chronologie, qu'il ne s'agit du reste pas de résoudre, mais d'expliquer. La
moyenne de leur vie depuis Adam jusqu'à Noé, Énoch excepté, est de 900 ans; depuis Sem dont les jours
ne sont plus que de 600 ans, la vie des patriarches va en diminuant: Joseph meurt à 110 ans.
— Quelques rapprochements ont de l'intérêt: un seul homme sert de chaînon entre la création et le
déluge, entre Adam et Noé, c'est Méthusélah qui a vu l'un et l'autre, qui a vécu 243 ans avec le premier et
600 ans avec le second; ou bien Énos, petit-fils d'Adam, qui a vécu 695 ans avec son aïeul, et 84 ans avec
Noé; ou bien encore Kénan, Mahalaléel, Jared, qui tous ont vu le premier et le dernier homme de l'ancien
monde, ces trois derniers ayant vécu avec Noé 179, 264 et 366 ans. Dans le nouveau monde, Noé vit
encore 128 ans avec le père d'Abraham, et ne meurt que 2 ans avant ce patriarche, de sorte qu'entre Adam
le père des hommes, et Abraham le père des croyants, pour un espace d'environ 21 siècles, nous ne
trouvons que trois chaînons nécessaires, Seth, Noé, et Tharé. De ces longues vies, et de ces synchronismes
si étendus, il résulte évidemment une très grande sûreté pour les traditions historiques, de grandes
garanties pour l'exactitude de l'histoire des premiers temps.
La longévité des patriarches a trouvé bien des incrédules, et ceux qui, respectant l'autorité de l'Écriture,
désirent n'en admettre que ce qu'ils veulent croire, ont cherché à concilier leur respect avec leur raison ou
leurs habitudes. De là, quelques-uns ont entendu de familles entières les chiffres qui indiquent l'âge des
patriarches; idée malheureuse, car on ne peut pas dire que la famille d'Adam se soit éteinte au bout de
neuf cent trente ans; que la famille d'Énoch ait été enlevée tout entière pour être avec Dieu; que la famille
de Noé, outre ses trois fils, soit entrée dans l'arche, etc. On a donc cru faire quelque chose de plus
raisonnable en diminuant la longueur des années, et on les a prises pour des mois; mais cette hypothèse
arbitraire, que rien ne justifie, amène le résultat ridicule de Mahalaléel ou de Hénoc, pères de famille à
l'âge de cinq ans et demi. Il a donc fallu allonger un peu ces années d'un mois, et on les a faites de trois
mois; mais, d'après ces calculs, on arrive déjà à des vies de plus de deux siècles, ce qui répugne moins
sans doute, mais toujours un peu, à ceux qui veulent que ce qui est maintenant ait toujours été; d'ailleurs
l'histoire du déluge, avec ses douze mois de trente jours, Genèse 7:11,24; 8:3-5,13-14, renverse
complètement toute hypothèse de cette nature. On n'a donc que le choix d'accepter les chiffres avec leur
valeur historique, ou de les considérer comme les rêves mythiques des premiers poètes qui ont composé
les origines du monde et les premiers temps du genre humain.
— La seule objection qu'on élève contre le grand âge des patriarches, et contre le récit biblique, n'est
véritablement pas sérieuse; on n'arrive plus de nos jours, dit-on, à une pareille vieillesse, on n'y est donc
jamais parvenu. Mais on ne trouve plus maintenant non plus le mammouth, ni l'iguanodon avec ses 20
mètres de longueur, ni la bête de l'Ohio qui était plus grande que l'éléphant, et avait des défenses de plus
de 4 mètres de longueur, ni cette espèce de cerfs dont le crâne pesait 40 kilogrammes, et dont le bois, avec
ses ramifications, comptait ο mètres. Et si le règne animal, avant le déluge, avait des proportions parfois
colossales, et supérieures à celles auxquelles il a été réduit dès lors, qu'y aurait-il d'étrange à ce que la race
884