Page 878 - Dictionnaire de la Bible J.A. Bost

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ville, et la plupart dressaient leurs tentes et mangeaient la pâque en dehors des murs de Jérusalem,
comme font de nos jours encore les pèlerins mahométans autour de la Mecque.
L'agneau pascal devait être rôti au feu, et non point cuit ou bouilli, apparemment parce que c'est la
manière la plus expéditive et la moins compliquée, de préparer la viande, par conséquent celle qui
rappelait le mieux la hâte du premier voyage. Quant à l'assaisonnement d'herbes arrières, les
commentateurs ne sont pas d'accord sur le sens de cette expression; les Septante et la Vulgate traduisent
par laitues sauvages, endives, (lactucæ agrestes), et les Juifs d'Égypte et d'Arabie confirment de nos jours
encore par leur pratique, cette interprétation. Un Talmud énumère diverses espèces de plantes, la
chicorée, la pariétaire, l'ortie, etc., d'autres l'entendent même de la moutarde. Il était, du reste, assez
ordinaire en Égypte, comme parfois aussi dans nos contrées, de manger quelques herbes amères et
aromatiques avec le pain ou la viande (Aben Esra).
On trouve dans les Targums quelques détails sur le service et le rituel du repas, rituel conservé par les
Juifs actuels en beaucoup d'endroits. Quatre coupes de vin, ordinairement de vin rouge, étaient remplies
et faisaient le tour des convives, chaque coupe étant accompagnée d'une parole d'action de grâces. À la
seconde, le père racontait à son fils, sur sa demande, l'histoire de l'institution primitive de la fête, Exode
12:26; sq., puis on entonnait le grand Hallel, les Psaumes 113-118. Suivait la troisième coupe, qui était
appelée par excellence la coupe de bénédiction, cf. 1 Corinthiens 10:16; on entamait alors l'agneau pascal,
et l'on continuait le chant de l'Hallel jusqu'à ce que la quatrième coupe fût vidée. Quelquefois on en
remplissait une cinquième, et pendant qu'elle circulait, on chantait encore les Psaumes 120-137. On peut
lire dans Calmet quelques détails de plus, extraits des ouvrages rabbiniques.
Les pains pouvaient être faits de farine de blé, d'orge, d'avoine, ou d'épeautre; peut-être étaient-ils le plus
ordinairement pétris de farine d'orge, comme celle qui a été le plus anciennement et le plus
communément en usage; mais on a eu tort d'en faire une règle générale, et surtout de le conclure du
rapport accidentel qui se trouve entre leur nom hébreu mazzoth et le latin massa.
Lorsque par suite d'une souillure cérémonielle, ou pour n'être pas arrivés à temps à Jérusalem, quelques
Israélites n'avaient pu célébrer la fête le 14 nisan, ils devaient la célébrer le quatorzième jour du mois
suivant, Nombres 9:11. Les talmudistes appellent cette solennité tardive la petite pâque, et disent qu'alors
il n'était pas défendu d'avoir du levain dans la maison, et que le chant des Hallels n'était pas absolument
nécessaire. On trouve sous le règne d'Ézéchias un exemple de cette pâque tardive, 2 Chroniques 30:2-15.
C'est au soir du 15 nisan que des délégués du sanhédrin allaient désigner dans un champ voisin de
Jérusalem, la gerbe des prémices, et dans la nuit du 16 on venait la couper et la porter dans la cour du
temple. Là on battait les grains, on les froissait au moyen d'une meule à bras, on tamisait treize fois de
suite la farine ainsi obtenue, et l'on en faisait une offrande tournoyée de la dixième partie d'un épha,
mêlée d'huile et d'encens, dont une poignée était jetée sur l'autel, et le reste était consommé par les
prêtres. L'institution primitive, racontée Lévitique 2:14, était un peu différente de celle que suivirent les
Juifs plus tard; les grains étaient rôtis au feu suivant l'ancienne coutume.
L'usage rappelé Matthieu 27:15; Luc 23:17; Jean 18:39, de relâcher un prisonnier le jour de la fête, quel que
fût celui que le peuple demandât, n'est prescrit ni même mentionné nulle part ailleurs. Quelques auteurs,
comme Grotius, veulent y voir un usage emprunté des Romains qui, à certaines fêtes, aux bacchanales,
aux lectisternia, etc., avaient l'habitude de mettre en liberté quelques prisonniers, souvent même tous; les
Grecs avaient en plusieurs de leurs fêtes un usage semblable. Selon d'autres, et Olshausen paraît pencher
vers cette opinion, c'était une coutume juive que l'on cherche à faire dériver de l'idée primitive de la
pâque, qui était un affranchissement. On peut concilier les deux sentiments en admettant que les
Romains, maîtres de la Palestine, avaient introduit cet usage pour tempérer l'extrême rigueur du code
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