Page 838 - Dictionnaire de la Bible J.A. Bost

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bonnets à corne ou à tête d'épervier, présentant une pomme de pin de la main droite, tandis qu'à leur
main gauche est suspendue une corbeille ou un sceau. Un homme les accompagne, le front orné d'une
bandelette, la main élevée, conduisant un bouc;
— sans doute le prêtre assistant la divinité.
Après les dieux et leurs acolytes, vient le roi qui s'avance vers le chef des mages; puis un cortège immense
d'eunuques, de guerriers, de personnages apportant des tributs. Les costumes, la chevelure et la barbe,
prouvent que la coquetterie la plus raffinée et la recherche la plus minutieuse, étaient d'étiquette à la cour
de Ninive.
On remarque encore sur les façades les gigantesques taureaux ailés, à tête humaine, coiffés d'une énorme
tiare, qui ornent les portes d'entrée. Ils ont communément 5 mètres de hauteur et autant de longueur;
c'est chez tous les peuples de ces contrées le symbole du créateur. Il paraît qu'un lion de petite taille,
enchaîné, était placé au pied de chaque taureau. Mais ces lions étant en métal ont été pillés. Les ennemis
de Ninive ont exécuté à la lettre le passage de Nahum, 2:9.
À l'intérieur et sur les murs des salles, des bas-reliefs très variés représentent soit des combats, soit des
festins, où tous les détails de la vie militaire et de la vie domestique sont reproduits, soit encore des
exercices de chasse, etc.
On ne peut méconnaître sur ces monuments les guerres des Assyriens contre les Juifs. Un roi, Osée peut-
être, se remarque parmi les vaincus. Ailleurs, on reconnaît des Éthiopiens et des Nubiens, qui sont peut-
être ceux qu'Ézéchias assiégé par Sennachérib avait appelés à son aide, et que le prince de Ninive
poursuivit dans leur pays. Parmi ces prisonniers il en est qui sont tenus par des chaînes passées dans la
lèvre inférieure, ce qui rappelle la menace, 2 Rois 19:28.
Un détail confirme aussi le témoignage de l'Écriture, qui dit que les chariots et les chevaux n'étaient pas
en usage chez les Syriens et les Juifs; on n'en voit pas dans les tableaux qui représentent des combats avec
ces peuples.
— En parcourant la plaine immense qui s'étend de Mossoul ou Neïniveh jusqu'à Khorsabad (distance qui
suppose quatre heures de marche), on rencontre de nombreuses traces de constructions et une quantité
considérable de tumuli hérissés de fragments de pierres et de briques. Évidemment des habitations, une
ville, ont occupé ce vaste territoire à une seule époque ou à deux époques différentes. Personne ne peut
dire si, à l'une ou à l'autre de ces époques, Ninive a compris tout cet espace: mais on peut le présumer
parce qu'en Orient, dans ces temps reculés, il n'y avait pas plus qu'aujourd'hui, entre la superficie des
villes et leur population, la proportion qui existe en Europe. On peut donc comprendre que Ninive ait eu
cette étendue, surtout en se rappelant ce que Jonas en a dit.
Il y a cinq princes dont les conquêtes glorieuses peuvent avoir été figurées sur les murs de Khorsabad:
Tigtath-Piléser, Salmanassar, Sanchérib, Ésarhaddon, et Nébucadnetsar I. On peut attribuer ces
monuments soit à Sanchérib, soit à Ésarhaddon, en supposant dans ce dernier cas, qu'Ésarhaddon aura
voulu reproduire à la fois le souvenir des conquêtes de son père et celui des siennes propres.»
M. Flandin a dessiné la totalité de ces bas-reliefs, tandis que M. Botta copiait les inscriptions en lettres
cunéiformes qui les accompagnent. Plusieurs fragments, les plus importants, ont fait le chargement d'un
navire, et ont été transportés à Paris. Quoiqu'il en soit, ajoute M. Flandin, «la découverte de M. Botta
justifiera Hérodote et la Bible aux yeux de ceux qui les accusaient d'exagération.»
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