— Voir: Tobie 1:11; 11:14; et ailleurs.
Où sont-ils maintenant ces remparts de Ninive? s'écrie Volney; et plus de vingt siècles en arrière le
prophète juif lui répond: «L'Éternel réduira son lieu à néant.» En effet, l'on a ignoré longtemps jusqu'au
lieu même où cette immense cité s'était enivrée de sa gloire; et si jusqu'au treizième siècle, Strabon, Tacite
et Abulfaradsch semblent nous indiquer encore quelques vestiges de ses ruines, un village, ou un
castellum, cette trace même s'est perdue depuis lors: vis-à-vis de Mossoul se trouve un petit hameau que
l'on suppose avoir été bâti sur les décombres de Ninive, puis quelques lieues à la ronde, les villages de
N'bih Jouna (le prophète Jonas), Nimrud, et la colline de Nunia. Cependant des recherches faites
dernièrement par le consul de France, M. Botta, fils de l'historien de ce nom, paraissent avoir déterminé
avec évidence l'emplacement de l'antique Ninive, dont il croit avoir retrouvé quelques ruines au-dessous
du sol, soit à Nunia, soit dans ses environs, notamment à Khorsabad. Ses lettres, adressées au savant
orientaliste allemand Jules Mohr, à Paris, ont été reproduites en 1842 par presque tous les journaux
français. M. Flandin, dans un article de la Revue des Deux Mondes (1845), a donné également des détails
du plus haut intérêt sur les dernières découvertes faites à Ninive. Nous lui empruntons ce qui suit, en
l'abrégeant.
«Aux bords du Tigre, en face de Mossoul, s'élèvent deux monticules assez étendus auxquels se relient les
extrémités d'une vaste enceinte, évidemment les restes d'un rempart très épais et encore très élevé. L'une
de ces éminences est factice. L'autre, qui est naturelle, porte un village arabe appelé Neïniveh ou Nebi-
Ounous, prophète (et non tombeau de) Jonas, à cause d'une pierre ornée de caractères que les Musulmans
ne laissent pas voir, mais qu'ils gardent dans leur mosquée comme la pierre sépulcrale du prophète. À
quatre lieues de Mossoul se trouve le village de Khorsabad, peuplé de Kurdes demi-sang croisé d'Arabes:
il est bâti sur une éminence isolée au milieu de la plaine, éminence factice de 12 à 13 mètres de hauteur.
Sur le plateau qui forme le sommet étaient bâties une cinquantaine de maisons d'assez pauvre apparence.
C'est en creusant l'emplacement d'une de ces chaumières que M. Botta découvrit les premières sculptures
assyriennes. Bientôt on résolut de les démolir toutes et de poursuivre les fouilles. Après six mois de
travaux exécutés par des Nestoriens que les Kurdes avaient décimés, on avait mis au soleil les restes d'un
vaste palais, comprenant quinze salles attenantes les unes aux autres, et formant un plan d'ensemble de
22,000 mètres carrés. La plupart de ces salles, dont quelques-unes ont de 30 à 35 mètres de longueur,
communiquent entre elles par des portes: d'autres sont isolées, plus petites, et semblent avoir été
réservées pour l'habitation secrète.
Ce palais est élevé sur une terrasse de 12 à 13 mètres en briques crues, soutenue par un mur en pierres
parfaitement taillées et assemblées, toutes de même grandeur. Le système de construction est celui de
Babylone: il consiste en gros murs de 3 à 6 mètres d'épaisseur, en briques séchées au soleil, posées à plat
et liées par un peu de boue: le bitume est aussi employé fréquemment, mais sans doute, malgré ce qu'a
dit Diodore de sa source intarissable, celle d'où il provenait n'aurait pu suffire pour ces gros murs. Ces
murs sont revêtus de plaques d'un marbre gypseux, dur et grisâtre, qui se trouve dans le pays, et dont les
bancs énormes gisent à la surface du sol.
— Les murs ne portant pas trace de fenêtres, et leur hauteur n'étant que de 4 mètres, il est probable que le
palais était couvert d'une voûte dans laquelle avaient été ménagés des jours.
Le palais de Khorsabad est riche en sculptures. Les murs des salles et les façades extérieures sont décorés
de tableaux taillés dans la pierre avec une admirable fécondité de ciseau. Rois et visirs, prêtres et idoles,
eunuques et guerriers, combats et fêtes joyeuses, tout est représenté: la vie des Ninivites vient se dérouler
miraculeusement devant nous, depuis les symboles religieux jusqu'aux usages domestiques, depuis
l'orgie du triomphe jusqu'au supplice des vaincus. Ce palais passe aux yeux des habitants étonnés pour
une création de Satan. Sur les façades sont admirablement représentés des personnages ailés, coiffés de
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