été souillé fortuitement, comme par la vue d'une personne morte en sa présence, ou dont il aurait trouvé
le cadavre sur son chemin, Nombres 6:1-2; cf. Amos 2:11-12. Si les catholiques ont vu dans cette
institution le germe du monachisme, ils doivent reconnaître que ce germe renfermait de tout autres
éléments que ceux qu'on leur a substitués; la fainéantise était bien loin de constituer une partie intégrante
du nazaréat, et le mariage était si peu compté parmi les impuretés, même cérémonielles, qu'il n'en est pas
seulement fait mention dans les prescriptions données à ce sujet, et que Samson, le nazarien à vie, était
marié. Lorsque le temps du nazaréat était accompli, la personne qui avait fait le vœu se présentait au
temple, offrait un mouton en holocauste, une brebis d'un an en sacrifice d'expiation, un bélier en sacrifice
d'actions de grâces, une corbeille pleine de gâteaux sans levain de fine farine, enfin l'huile et le vin
nécessaires à toutes les libations. Le prêtre alors coupait les cheveux du nazarien, et les brûlait sur le feu
de l'autel; puis il mettait entre les mains du nazarien l'épaule cuite du bélier, un pain et un gâteau, pour
les reprendre ensuite et les offrir à l'Éternel en offrande tournoyée, Nombres 6:1, et suivant. Plusieurs de
ces cérémonies avaient également lieu lors de la consécration des prêtres, Lévitique 8:26. Si l'on se
rappelle que l'usage du vin et du vinaigre était presque général en Palestine, que dans ces climats chauds
le poids d'une longue chevelure était fort incommode,; que les cas de souillure cérémonielle étaient;
passablement multipliées, et que l'on tienne compte des frais considérables que l'accomplissement du
vœu entraîne, on comprendra que le nazaréat, même à temps, était un vœu considérable. Aussi les
personnes riches qui ne se trouvaient pas en état, ou qui n'avaient pas le loisir d'en observer les
cérémonies, cherchaient-elles souvent à s'associer en quelque sorte aux nazariens, en participant aux frais
des sacrifices, Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques 19, 6, 1. Maïmonid, in Num. 6. Ceux qui faisaient le
vœu du nazaréat hors de leur patrie se contentaient d'observer les abstinences marquées; ils se coupaient
les cheveux au lieu où ils se trouvaient à l'expiration de leur vœu, et les offraient plus tard, ou les faisaient
offrir par d'autres dans le temple, avec les victimes et les offrandes ordonnées. Samson, Samuel et Jean-
Baptiste sont les seuls exemples de nazaréat à vie que nous présente l'Écriture, Juges 13:4,14; 1 Samuel
1:12; Luc 1:15. Lorsqu'un enfant à naître était ainsi voué au nazaréat perpétuel, sa mère observait à sa
place, jusqu'au moment de sa naissance, les prescriptions de la loi. Les rabbins opposent au nazaréat
perpétuel celui de Samson qui leur paraît avoir été moins rigoureux que le premier, attendu que Samson
a plusieurs fois vu et touché des corps morts, Juges 14:15, sans qu'il soit fait mention de sacrifices
purificatoires qu'il ait offerts.
— On trouve chez presque tous les anciens peuples quelques cérémonies semblables à celles du nazaréat,
et l'on remarque en particulier que les Égyptiens, les Syriens, les Grecs et les Romains avaient l'habitude
d'offrir leurs cheveux et leur barbe dans les temples de leurs divinités, comme, de plus, certaines
coutumes d'abstinence étaient imposées aux prêtres de l'Égypte: quelques auteurs, Porphyre, Spencer,
Michaélis, ont cru voir dans le nazaréat hébreu une tradition de l'Égypte, mais les analogies sont en elles-
mêmes trop vagues pour qu'on puisse en tirer une conclusion pareille, et l'on doit se rappeler que loin de
vouloir établir un lien, Moïse a toujours creusé un abîme entre les coutumes de son peuple et celles des
nations voisines.
Le nom de nazarien se prenant encore dans plusieurs sens différents, nous sommes appelés à considérer
de plus près les passages suivants.
1.
Genèse 49:26. Joseph est appelé le nazarien d'entre ses frères: les Septante traduisent ce terme par
chef, celui qui est honoré, et si l'on a égard à la signification primitive de nézer, on comprendra que
Joseph ait pu être ainsi désigné: le nom de nazir ou nezir était d'ailleurs comme il est encore dans
plusieurs cours d'Orient, un nom de dignité, de charge publique, correspondant aux fonctions de vice-roi
que Joseph exerçait en Égypte. Peut-être aussi, et dans le cantique du vieux Jacob il semble que c'ait été
plus naturel, le nom de nazarien désignait-il simplement que Joseph avait été mis à part, choisi de Dieu
pour lui être saint, et pour être le bienfaiteur de ses frères, celui devant qui sa famille se prosternerait.
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