Page 814 - Dictionnaire de la Bible J.A. Bost

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1.
Romains 16:11, peut-être le célèbre affranchi de l'empereur Claude, celui qui devint son favori et
son secrétaire, et qui obtint à la cour une si grande influence (Suet., Claude 28, 37. Tacit., Annales 11, 29;
33; 37; 18, 1; 37; 63; etc.). Cependant il fut exécuté au commencement du règne de Néron, l'an 55 de notre
ère, et il est peu probable que Paul ait écrit aux Romains de son vivant: dans ce cas il faudrait admettre
que son train de maison subsistait encore lorsque Paul écrivait, ou que «ceux de la maison» désignent
ceux qui lui avaient appartenu. Il résulterait de ce passage, ainsi compris, qu'il se trouvait en effet des
chrétiens à la cour, au nombre des serviteurs, ou des amis, ou même des parents de Narcisse. Toutefois ce
nom était peut-être assez répandu, et il est fort possible que Narcisse ait été un simple chrétien de Rome,
chez qui les frères se réunissaient. D'après les Grecs Narcisse aurait été l'un des soixante-dix disciples,
aurait vécu quelque temps à Rome, et serait mort évêque d'Athènes ou de Patras; mais ces données n'ont
aucune valeur.
2.
Narcisse, fleur, que nous croyons désignée par l'hébreu hhabatséleth, Ésaïe 35:1; Cantique 2:1,
traduit à tort par rose dans nos versions; la racine hébreu betsel signifie un oignon, et c'est certainement
parmi les fleurs à racine bulbeuse que nous devons chercher celle-ci. Plusieurs auteurs s'appuyant sur le
sens qu'ils donnent à la traduction syriaque, entendent par là le colchicum autumnale, vulgairement
connu sous le nom de tue-chien, cette plante d'un pied de hauteur qui porte une fleur rose tendre, mais
sans odeur, et que l'on trouve croissant naturellement en automne dans les prairies de l'Europe
(Michaélis, Gesenius, etc.), et cette traduction n'est pas sans probabilité; mais celle que nous suivons
d'après le Targum et plusieurs commentateurs, paraît plus recommandée encore par la beauté même de
la fleur, et par le contenu des deux seuls versets où il en est parlé. Chateaubriand a trouvé beaucoup de
narcisses dans la plaine de Saron (Itinér. II, 130), et c'est une présomption de plus, cf. Cantique 2:1. Il est
possible aussi, comme le dit Winer, que les deux fleurs aient été désignées par le même mot en araméen.
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NARD,
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Marc 14:3; Jean 12:3. Ce parfum était regardé par les anciens comme le plus précieux et le plus tin de tous;
il était par conséquent aussi un objet de luxe fort recherché des grands, et souvent offert comme
témoignage de respect et d'honneur. C'est dans l'Asie Mineure, et à Tarse surtout, qu'on savait le mieux le
confectionner; on l'expédiait ordinairement dans de petits flacons, ou dans de petites boîtes d'albâtre;
souvent il était falsifié par un mélange d'huiles étrangères également odoriférantes, mais moins délicates.
Le nard pur paraît avoir été excessivement cher, Marc 14:3; cf. Pline 12, 26; 13, 2. Horace, Od. 2, 11, 16; 4,
12, 17. Tibull. 2, 2, 7, etc.
— La plante du nard croît dans les contrée les plus chaudes de l'Inde, où elle porte le nom de jatamansi
ou dschatam; quelques naturalistes la comptent parmi les valérianes: elle sort de terre comme une céréale
encore verte, sa tige est longue et mince, et porte plusieurs épis à fleur de terre; la racine est grosse mais
fort courte, noire et odorante; les feuilles sont courtes et larges; le nard, aussi nommé spicnard à cause de
ses épis, réussit mieux sur les montagnes que dans les plaines; il est plus odorant et plus fort que celui qui
croît le long des eaux. Il y en a de plusieurs espèces, qui toutes sont dessiccatives; on croit que le romarin,
l'aspic et la lavande appartiennent à la même famille. Mais le nard indien se distingue à sa couleur jaune
tirant sur le purpurin, et à ses épis allongés, au poil large et odorant: on l'expédie en bottes de feuilles et
d'épis séchés. Le faux nard indien ou andropogon nardus est souvent difficile à distinguer, et l'on en fait
un commerce considérable. Il ne résulte pas de Cantique 1:11; 4:13-14, que le vrai nard ait été cultivé en
Palestine, car il exige une latitude beaucoup plus méridionale, un climat beaucoup plus chaud (dans ces
passages le mot aspic doit être traduit par nard), mais on peut les entendre ou du vrai nard qui aurait été
importé, ou de plantes analogues, telle que le nardus syriaca, cretica ou autre, qui se trouvent facilement
en Palestine.
— Les anciens avaient aussi l'habitude de mêler du vin au nard, et même de boire l'huile de nard;
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