Page 726 - Dictionnaire de la Bible J.A. Bost

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toutes les villes du pays, et pouvaient posséder. Comme leur religion était passablement une affaire
d'étoiles, ils avaient construit de bonne heure sur le temple de Bélus un observatoire qui était le
complément obligé de leur culte; c'est de là qu'ils prédisaient des calamités publiques ou des
bouleversements de la nature, lisant dans les astres, dans le vol des oiseaux, et dans les entrailles des
victimes, tout à la fois prêtres, augures et devins, Ésaïe 47:9,13; Daniel 4. Sis apparaissent dans le livre de
Daniel sous plusieurs noms différents qui se rapportent sans doute aux différentes classes ou branches de
l'ordre, à leurs diverses spécialités, mais que nous ne sommes pas en mesure de déterminer d'une
manière précise {υ. Hævernick, Commentaire sur Dan.) Au-dessus de la caste se trouvait un chef ou
surintendant, Jérémie 39:3, et nous voyons que Daniel, un étranger, un Hébreu, fut établi dans cette haute
dignité par la faveur royale, Daniel 2:48.
Le nom de mages fut donné plus tard, sous les Romains, à tout ce qui s'occupait de théosophie ou de
magie orientale, à tous les astrologues, devins et jongleurs ambulants de l'Asie, qui joignaient à tous ces
titres déjà usés, le mérite d'être un peu médecins. On voit par Actes 8:9; 13:6,8, qu'ils avaient pénétré bien
avant dans la faveur et l'estime publique.
On s'est perdu en conjectures pour savoir quels pouvaient être les mages qui vinrent chercher, pour
l'adorer, le Sauveur du monde, Matthieu 2:1. Ils venaient d'Orient, nous dit Matthieu, et cette expression
vague (verset 9), de même que celle du verset 12, montrent qu'il ne pouvait, ou qu'il ne voulait pas en
dire davantage. Quelques auteurs ont cru trouver, dans les dons qu'ils apportaient, une preuve qu'ils
venaient d'Arabie; mais cette preuve est ridicule; car de l'or, de la myrrhe et de l'encens, on peut en
acheter partout. L'opinion qui se justifie le plus est celle qui les fait venir de Perse ou des contrées
voisines de la Perse; le système de la religion Zend est celui des systèmes païens qui renfermait peut-être
le plus de germes de la vérité; on y trouvait, entre autres, l'idée d'un Sosiosh, d'un Rédempteur qui devait
venir. Les rapports des Perses avec les Juifs avaient favorisé pour eux une certaine fusion des doctrines
israélitiques dans le système de leur religion populaire. L'étoile (q.v.) qui sert de guide aux mages,
rappelle cette religion astronomique des Perses, et peut avoir été choisie de Dieu comme un flambeau qui
ne leur était pas inconnu, et qui devait, plus sûrement qu'un autre, en tenant compte de leurs
préoccupations habituelles, les amener vers une lumière plus grande, la seule véritable; enfin, peut-être,
le souvenir des calculs de Daniel, qui avait été chef des mages, et dont les travaux avaient été sans doute
étudiés et médités par les plus fidèles de ses adhérents, aura contribué à donner aux mages cette
assurance et cette foi qui ne les abandonna jamais, qui surprend celui qui n'entend rien aux choses de
Dieu, mais qui ne saurait étonner celui pour qui la parole divine est une règle suffisante de doctrine et de
conduite. On sait combien, d'après le témoignage des auteurs profanes, le monde entier était dans
l'attente d'un roi puissant qui devait se lever dans les mêmes contrées où le soleil se lève; mais cette
attente, vague et incomprise chez ceux mêmes qui la partageaient, était plus claire et plus grande chez les
mages; le roi qu'ils attendaient n'était pas un conquérant qu'ils dussent fuir, c'était un sauveur qu'ils
devaient chercher. L'ancienne église a vu, dans cette visite des mages, la salutation reconnaissante et
respectueuse avec laquelle le monde païen devait accueillir celui qui venait rompre la clôture de la paroi
mitoyenne, rendre à Dieu l'humanité, aux hommes l'espérance et leur Dieu.
La tradition, l'on ne sait trop pourquoi, a fait de ces mages des rois, et a fixé leur nombre à trois, qu'elle a
baptisés: Gaspard, Melchior et Balthasar. Ce seraient les seuls rois qui eussent adoré le Roi des rois
pendant son séjour sur la terre, et rien ne justifie une tradition qui n'a pris naissance que tard, et que
Calmet et d'autres catholiques regardent à la fois comme indifférente en elle-même, et sans fondement
dans l'histoire. C'est toujours la même passion de vouloir introduire la grandeur terrestre dans la
grandeur céleste.
L'adoration des mages a heureusement inspiré M. L. Delâtre dans un morceau de ses Chants de l'exil
(chez Gosselin):
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