Page 714 - Dictionnaire de la Bible J.A. Bost

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pureté de ses mœurs), et l'entraînèrent au crime; c'est de ce double inceste que sortirent les Moabites et les
Hammonites. Cette tache est le dernier trait que l'Écriture nous rapporte de la vie de Lot; mais le nom de
ce patriarche est rappelé ailleurs comme celui d'un juste, honorable devant Dieu, 2 Pierre 2:7; cf. Luc
17:28,32; Deutéronome 2:9,19; Psaumes 83:9.
Quel a été le crime de la femme de Lot, et quel a été son châtiment? La concision de l'écrivain sacré
autorise l'interprétation littérale, mais ne l'exige pas: «La femme de Lot regarda en arrière, et elle devint
une statue (ou un monument) de sel.» On peut croire, et même traduire sans faire violence au texte,
qu'elle resta en arrière, qu'elle retourna peut-être, se confiant en ce qu'avaient dit les anges, que le
malheur ne commencerait que lorsque Lot et les siens seraient arrivés à Tsohar, et qu'elle fut surprise
dans ses délais, ses lenteurs et ses regrets. Quant à sa mort, une quantité d'opinions et de fables se sont
fait jour. La statue de sel a pour elle la lettre, quoi qu'on en dise, et l'ancienne tradition: le sel pouvant se
prendre pour sel de roche, on ne peut pas objecter qu'elle a dû se fondre tout entière aux premières
pluies, comme aussi rien n'indique qu'elle ne se soit pas fondue. Toutefois, le texte peut se traduire dans
un sens plus large, et la tradition ne mérite guère de confiance à cause de son caractère exagéré. La statue
a été vue, dit-on, par beaucoup de voyageurs; mais ils ne sont pas d'accord sur sa position, les uns la
plaçant au nord, les autres au midi, à l'orient ou à l'occident; ils auront pris pour statue de la femme de
Lot quelqu'une de ces créations bizarres de la nature, comme on en rencontre en divers lieux, et qui
affectent tantôt une forme, tantôt une autre. Ce rocher de sel conservait, selon eux, toutes les infirmités
féminines: il pleurait en certains temps, et il avait ceci de singulier, qu'il conservait toujours la même
grandeur, quoiqu'on en arrachât souvent des morceaux pour souvenir et par curiosité. D'autres auteurs
pensent qu'il faut entendre que la femme de Lot étant retournée en arrière (elle périt et) devint un
monument de sel (éternel, impérissable) du courroux divin contre les rebelles et les incrédules; d'autres
encore, qu'elle fut étouffée, et que, par l'abondance des matières salines renfermées dans l'air et dans le
sol, son corps fut comme pétrifié ou embaumé, de manière à ne pouvoir être atteint par la corruption,
comme cela arrive des corps qui sont soumis à l'action des flots de la mer Morte, ou d'une source
pétrifiante quelconque. D'autres, enfin, ne prennent que l'idée générale du verset: la femme de Lot resta
attachée au sol, morte et sans mouvement; mais c'est l'explication qui se justifie le moins, bien qu'elle
renferme pour nous la même leçon d'obéissance à la parole du maître.
- l'éblouissement dont furent frappés les Sodomites, et qui sous bien des rapports était une conséquence
presque naturelle et souvent observée de débauches pareilles aux leurs, peut être comparé à celui dont
Dieu frappa les soldats syriens descendus vers Élisée, 2 Rois 6:18; cf. aussi Jean 8:59; 10:39.
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LOUP.
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Cet animal, bien connu dans nos climats, l'est également en Orient, où son nom rappelé comme chez nous
des idées de voracité, de violence et de lâche cruauté: c'est aux brebis surtout qu'il se rend redoutable,
c'est à la poursuite des faibles qu'il s'attache, Matthieu 7:15; 10:16; Luc 10:3; Jean 10:12; Actes 20:29. Il est
représenté comme altéré de sang, Ézéchiel 22:27, et les principaux d'Israël lui sont comparés pour leur
avidité. Ses déprédations nocturnes l'ont peut-être fait appeler loup du soir, Habacuc 1:8; Sophonie 3:3;
Genèse 49:27; Jérémie 5:6, quoique selon quelques auteurs (les Septante) il faille traduire loup d'Arabie, ce
qui n'est guère probable. La prophétie nous annonce pour l'époque messianique, qu'alors on verra paître
dans les mêmes pâturages, le loup et l'agneau conduits par un enfant, promesse que l'on prend assez
généralement dans un sens purement symbolique en la rapportant à la réconciliation des Juifs et des
païens, des fidèles et des infidèles, mais qui paraît se rapporter d'une manière plus entière aux jours à
venir où le Seigneur Jésus, régnant lui-même sur la terre, soumettra au même sceptre les hommes et toute
la nature, Ésaïe 11:6; 65:25. Benjamin est appelé par le vieux Jacob un loup qui déchire, Genèse 49:27; les
interprètes caldéens entendent cette figure du grand nombre d'holocaustes qui étaient continuellement
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