Page 713 - Dictionnaire de la Bible J.A. Bost

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Le Nouveau Testament nous apprend à considérer la loi sous un double point de vue. Elle était caduque
et périssable, dans ce qu'elle avait de particulier, de spécial, de local; elle était faite pour un temps, pour
un peuple, pour un pays. D'un autre côté elle est éternelle dans ce qui en fait l'idée fondamentale, et Jésus
n'est point venu pour l'abolir, mais pour l'accomplir. Avant Jésus, elle servait d'instituteur, de pédagogue,
pour conduire les hommes, par le sentiment de leurs péchés, au Messie qui devait apporter le salut.
Depuis Jésus, elle subsiste, mais gravée sur les tables charnelles du cœur. On peut la considérer, soit
comme le fondement caché en terre sur lequel s'élève l'édifice de l'Église chrétienne, soit comme
l'échafaudage qui a servi à son élévation, échafaudage qui n'a plus maintenant aucune valeur. On peut la
considérer comme le commencement de l'œuvre que Jésus est venu unir, ou comme un système
provisoire qui n'était là qu'en attendant, occupant et préparant le lieu pour le Sauveur. Les deux points de
vue ont leurs défenseurs; les uns et les autres ont raison; la loi est tout ensemble un fondement et un
échafaudage; cette double idée se rencontre partout dans le Nouveau Testament. On ne saurait en dire
autant de ceux qui voient un antagonisme réel entre la loi et la grâce; c'est aller trop loin, au moins dans la
forme de l'expression. Le chrétien n'est sans doute plus sous la loi, mais c'est qu'il est devenu loi à lui-
même. Rien ne lui est plus défendu, mais l'Esprit qui est au dedans de lui, et qui ne parle pas deux
langages, lui sert de règle et de loi. Quant à celui qui n'est pas converti, comme il n'a pas l'Esprit, comme
il n'est pas sous la grâce, il reste sous la loi, et les difficultés pratiques qu'on a soulevées sur cette
question, sont d'une solution facile dès qu'on se place à ce point de vue. Ces questions, du reste,
appartiennent à la dogmatique.
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LOT,
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fils de Haran et neveu d'Abraham, Genèse 11:27, accompagna son oncle d'Ur et de Caran en Canaan, et
partagea d'abord sa vie nomade dans les contrées méridionales de la terre promise, 11:31; 12:4; mais,
comme l'un et l'autre avaient de grands troupeaux, et que leurs bergers se querellaient souvent au sujet
des puits et des citernes du désert, ils durent se séparer, et Lot choisit pour demeure la verte et riante
vallée de Sodome, arrosée par les flots du Jourdain, 13:11 (1920 avant J.-C.). Quelques années après, le roi
de Sodome ayant été attaqué et pillé par Kédor-La-homer, et Lot fait prisonnier avec tous les siens,
Abraham vint au secours des vaincus, les délivra et leur rendit à tous, et à son neveu en particulier, les
biens dont ils avaient été dépouillés. Lot continua dès lors d'habiter Sodome; il y fiança ses filles, et vivait
en plus ou moins bonne harmonie avec ses impies et impurs voisins, lorsque deux anges vinrent, et
l'engagèrent à fuir le feu du ciel qui allait fondre sur la ville. On connaît l'accueil hospitalier qu'il fit à ces
messagers du ciel, bien qu'il ne les connût pas, et le dévouement lâche et faible par lequel, pour sauver
ses hôtes de l'opprobre, il offrit ses propres filles à la brutalité de ses concitoyens. Le lendemain, de bonne
heure, réveillé par les anges, il part, sous leur protection, avec sa femme et ses deux filles, laissant en
arrière les époux de celles-ci, que leur incrédulité avait aveuglés, comme le reste des Sodomites, sur les
malheurs qui leur étaient divinement annonces. Toute la plaine devait être engloutie, et les fuyards
devaient se rendre sur la montagne de Tsohar; mais, sur leur route, se trouvait la ville de Bélah, petite, et
par cela même peut-être moins corrompue que les autres; Lot demanda qu'elle fût épargnée, afin qu'elle
pût lui servir de retraite, et sa prière fut exaucée. C'est de Bélah, devenue Tsohar, qu'il put contempler
l'affreux spectacle d'une plaine entière détruite par le feu et le soufre; mais déjà sa femme n'était plus avec
lui: ménagère, peut-être avare, peut-être incrédule, et, dans tous les cas, désobéissante aux ordres célestes,
elle s'était retournée, et elle avait péri. Après un séjour dont la durée n'est pas déterminée, mais qui ne
fut, sans doute, pas bien long, Lot et ses filles quittèrent Bélah, et se réfugièrent sur la montagne voisine
de Tsohar pour y demeurer. La solitude pouvait convenir au vieillard, veuf, sans fils, dépouillé de tous
ses biens, et témoin récent d'un déluge de feu, vengeur de l'immoralité d'une plaine dépravée; mais ses
filles, plus frappées que lui de la destruction de leurs villes et de leur isolement présent, faisant vivre et
périr le monde tout entier avec le monde de leur vallée, privées de leurs époux avant de les avoir
possédés, condamnées, selon toute prévision, à un célibat perpétuel, et bien instruites dans le mal par les
leçons de Sodome, enivrèrent leur père (singulier, mais touchant témoignage rendu indirectement à la
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