Page 556 - Dictionnaire de la Bible J.A. Bost

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Testament. Est-ce à dire que l'idée n'y soit pas? Plusieurs, à commencer par les sadducéens, l'ont
prétendu. Les sadducéens (— Voir: cet article) qui reconnaissaient certainement, non seulement le
Pentateuque, ainsi qu'on l'affirme souvent, mais encore l'Ancien Testament tout entier, niaient
l'immortalité de l'âme et la résurrection; s'appuyaient-ils réellement sur l'Écriture inspirée pour défendre
leur matérialisme et leur incrédulité? Peut-être, mais le rationalisme de leur interprétation pouvait les
aveugler, et notre Seigneur a fait justice de leurs théories, Matthieu 22:23. Il faut reconnaître cependant
que l'Ancien Testament, que les livres de Moïse en particulier, sont très peu explicites sur la doctrine de
l'immortalité, de la vie future. Ce dogme, comme tant d'autres, ne pouvait mûrir que lentement dans la
pensée de l'humanité. On a connu le mouvement bien avant d'en formuler l'existence, et il est une foule
de faits ou d'idées dont on ne parle pas, qu'on ne raisonne, qu'on ne discute pas, bien qu'on en ait la
conscience. La révélation, qui suit une marche presque uniformément progressive, et dont la lumière va
croissant (cf. 2 Pierre 1:19), ne proclame jamais l'erreur, mais n'établit la vérité que d'une manière lente et
graduée, en attendant que la suite des siècles et le développement moral et intellectuel des Hébreux
appelle un développement ultérieur plus complet de la vérité comme doctrine et système. Dans le
Pentateuque, on peut dire que la vie humaine est en général restreinte et limitée à cette terre, entre les
limites de la naissance et de la mort physiques, et que le bonheur suprême est placé dans le fait d'une
longue vie; cf. Genèse 47:9; Exode 20:12; Deutéronome 4:40; 6:2; 11:9 (Éphésiens 6:2-3): on n'y trouve
aucune allusion claire et positive à une existence quelconque de l'âme après la mort. Pourquoi? Deux
opinions contraires, et cependant toutes les deux justes, cherchent à expliquer ce matérialisme de la
révélation mosaïque.
«Ainsi, dit M. de Rougemont, tandis que les Égyptiens et les Grecs, les Perses et les Indiens, et tous les
peuples païens et polythéistes de l'antiquité admettaient, non seulement la vague possibilité d'une
existence des âmes après la mort, mais un lieu de châtiments et de souffrances, et un lieu de récompenses
et de bonheur qu'ils décrivaient comme d'incontestables réalités, les Hébreux, la seule nation
monothéiste, la seule qui rapportait au Dieu vivant toutes ses actions et toutes ses pensées, auraient cru
qu'il en est de l'homme comme de la bête, et que tout finit pour lui avec cette terre. Nous confessons ici
l'absolue incapacité où nous sommes, de concevoir l'état d'une âme qui se saurait mortelle et qui croirait
néanmoins fermement en Dieu; et Moïse, écrivant le commandement sublime d'aimer Dieu de tout son
cœur, et ne croyant pas à une vie après la mort, nous paraît un bien autre miracle que tous ceux qu'il a
faits. La foi à l'immortalité est une partie intégrante de notre être, nous pouvons aussi peu nous en
séparer que de notre volonté ou de nos sens; elle se retrouve jusque chez les peuples les plus sauvages,
même chez les habitants abrutis de la Nouvelle Hollande; il n'est pas un tombeau qui ne la proclame, car
sans elle nous devrions jeter à la voirie les corps de nos femmes et de nos enfants avec ceux de nos bœufs
et de nos chiens. L'immortalité n'a jamais été révélée aux Hébreux, parce que nul d'entre eux ne la mettait
en doute, et si leurs législateurs ainsi que les prophètes ont cherché à diriger leur attention sur la venue
du Messie plutôt que sur la vie future, c'est que l'homme pécheur est un naufragé qui va périr, à qui l'on
ne parle du ciel que sur le rivage et après l'avoir sauvé d'une mort imminente.» (Explication de
l'Ecclésiaste, p. 22, sq.).
Olshausen pense au contraire que l'idée de l'immortalité manquait en effet, non point sans doute chez
Moïse ni chez les hommes les plus spirituels et les plus développés de la nation, mais chez ceux qui
formaient la masse du peuple, et que Moïse a dû ainsi rattacher toute ses idées de peines et de
récompenses à la vie présente, qui seule apparaissait comme réelle à leurs intelligences encore charnelles
et grossières.
L'un et l'autre de ces points de vue peut se justifier et se défendre; mais il est évident aussi que si la notion
de l'immortalité de l'âme n'est point enseignée explicitement dans les écrits de Moïse, elle s'y trouve d'une
manière implicite et latente. Ainsi, lorsqu'il est dit Genèse 5:24, qu'Énoch ne parut plus parce que Dieu le
prit; ainsi, l'expression «être recueilli vers ses peuples, ou vers ses pères», Genèse 15:15; 25:8; 49:29-33; cf.
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