dans un contexte collectif il peut aussi se traduire par «Convocation», représentant «les convoqués à renaître. Nous
sommes loin d'une institution ou organisation conventionnelle avec ses ministres, ses disciplines, ses ordonnances,
et ses bâtiments. L'Église de Christ est spirituelle et elle le demeurera toujours. Elle se rapporte à l'élu individuel
comme à la collectivité des élus qui forment le Corps de Christ. En ce sens très réel, l'Église visible est l'élu même et
l'Église invisible est Christ en lui, de même pour l'ensemble de tous les élus qui est la Cité du Dieu Vivant, la
Jérusalem céleste - Héb. 12:22.)
Nous n'avons point à répéter ici des réflexions qui se trouvent ailleurs, et qui repoussent au rang des
absurdités ces prétentions d'une portion quelconque de l'Église universelle à former seule l'Église visible
de Christ. Cette observation s'applique par excellence à la secte catholique romaine qui, par son idolâtrie
et ses nombreuses impiétés, ainsi que par le caractère charnel de sa puissance, constitue plutôt l'un des
éléments les plus prononcés du règne de Satan dans le inonde. Cependant, elle aussi, elle appartient à
l'Église générale, puisqu'elle professe le christianisme.
Notre Seigneur n'a établi aucun pouvoir central sur l'Église extérieure: les apôtres, lorsqu'ils furent
appelés à décider pour la première fois une grande question de foi et de discipline, s'adjoignirent les
membres les plus âgés de l'Église de Jérusalem (ce qu'on a appelé les prêtres), et même la masse des
fidèles, Actes 15:22-23. Tout le Nouveau Testament nous annonce l'égalité des fidèles entre eux, quoique
dans les choses d'administration, et comme principe d'ordre, ils doivent une déférence particulière à leurs
conducteurs spirituels. Quant au pouvoir proprement dit de l'Église, il ne réside absolument que dans
l'ensemble des fidèles, comme les termes seuls suffiraient pour l'indiquer, puisque le dernier de ces mots
n'est que la traduction du premier.
— La vieille folie d'une principauté de saint Pierre n'existe plus qu'à l'état de fiction, comme la pierre
angulaire d'une société vermoulue qu'on voudrait renouveler et qu'on craint de démolir; ce n'est plus une
affaire religieuse, c'est une affaire politique et presque sociale, où l'Église n'a rien a démêler.
On a tenté dernièrement (version suisse du Nouveau Testament) de traduire le mot Église par le mot
correspondant français que nous avons employé nous-même, assemblée; cette traduction est fort utile et
fort importante lorsqu'il s'agit des églises particulières, mais le mot ne va plus dans la plupart des cas,
lorsqu'on l'applique à l'Église en général; on éprouve alors une espèce de repoussement instinctif qui
indique assez que le mot ne correspond plus à l'idée; et de fait, quoi qu'il en soit de l'étymologie, le mot
Église a pris dès l'origine, et a acquis dans le cours des siècles, une signification plus ample, plus large et
aussi plus spéciale, plus religieuse, que le sens qu'on donne au mot assemblée. L'usage étant «le maître
souverain des langues», il n'est pas toujours permis d'innover, et l'on ne peut changer le sens de certains
mots une fois qu'il est admis et déterminé depuis longtemps.
L'Église de Jésus a reçu la promesse que les portes de l'enfer ne prévaudront point contre elle, Matthieu
16:18; cette promesse ne se rapporte qu'à elle et non à aucune église particulière, toujours frappée au coin
de l'homme, et par là même incomplète et périssable. L'Église romaine renouvelle de nos jours de grands
efforts pour rétablir son règne qui s'en va; elle sait braver à la fois le ridicule et l'indignation publique: le
protestantisme lui-même est dans un état de crise qui l'affaiblit sous quelques rapports, et présidera peut-
être à sa régénération; l'Église ne subsiste que par la vérité, la victoire restera à la fraction de l'Église qui
sera le plus près de la vérité. Des douleurs attendent ce petit troupeau, mais il triomphera par son chef, et
régnera éternellement.
Les diverses questions soulevées par l'idée d'Église, sur les rapports des fidèles entre eux, des fidèles avec
leurs pasteurs, des pasteurs entre eux-, de l'Église avec l'État, etc., ont été examinées avec soin et sous
différents points de vue ces dernières années. Quelques livres et de nombreuses brochures ont été
publiés; outre les travaux de MM. Bauty, Grandpierre, Burnier, Rochat, Guers, F. Olivier, Panchaud,
Moulinié, Monsell, Darby, van Muyden, etc., nous citerons spécialement la Théorie de l'Église, du docteur
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