Mais l'un et l'autre n'ignorent point que l'âme n'est pas rassasiée par les biens de la terre, 6,7, et
Crescunt divitiæ, tamen
Curtæ nescio quid semper abest rei.
L'Ecclésiaste revient constamment sur cette mort qui pèse sur les bons comme sur les méchants, à laquelle
nul ne peut se soustraire, qui empoisonne toutes les joies et qui jette l'homme dans le sépulcre ténébreux
on il n'y a ni œuvre, ni discours, ni science, 2:14; 3:18; 6:2; 8:8-14; 9:1-12; 11:8. Et c'est là encore une des
pensées qui préoccupent le plus habituellement Horace, Odes 1, 28; 2, 3; 3, 1:
Eheu fugaces, Posthume, Posthume,
Labuntur anni...
(Odes 2, 14)
Nos ubi decidimus
Quo pius Æneas, quo Tullus dives, et Ancus,
Pulvis et umbra sumus.
(Odes 4, 7)
Horace aussi songe souvent avec chagrin à ces héritiers auxquels passeront ses biens, Ecclésiaste 2:18-26;
4:8. Horace, Odes 4, 7; 2, 3. Ep. 1, 4; etc.
Il se plaint avec l'Ecclésiaste, 7:10, des temps présents, qui sont pires que les jours passés.
Au-dessus des grands est le roi, dit l'Ecclésiaste, et au-dessus d'eux tous est Dieu, 5:8.» Et Horace, Odes 3,
4:
Regum timendorum in proprios greges,
Reges in ipsos imperium est Jovis.
Ces parallèles, auxquels on pourrait en ajouter bien d'autres, prouveraient à eux seuls que le livre de
l'Ecclésiaste ne peut contenir dans tous ces passages la pensée définitive d'un sage inspiré. Mais quand
bien même on voudrait ne voir en lui que le prédicateur de la joie mondaine, encore diffère-t-il totalement
d'Horace en ce qu'il connaît une jouissance des biens terrestres qu'accompagne, purifie, accroît la pensée
et la crainte de Dieu. D'ailleurs ce n'est que pendant de courts instants qu'il parle comme Horace a fait
toute sa vie, et l'Hébreu qui s'abaisse de temps en temps jusqu'à donner la main à l'épicurien du siècle
d'Auguste, a l'âme assez grande pour embrasser tous les contraires, assez haute et noble pour ne voir que
vanités dans toutes les joies de la terre, assez forte, assez passionnée pour haïr la vie telle que le péché l'a
faite, assez sérieuse pouf préférer le deuil aux rires, et c'est enfin lui qui, sur les ruines de tout espoir de
bonheur, plante le céleste étendard de la crainte de Dieu.»
On possède en français une bonne traduction de l'Ecclésiaste, par M. Vivien, et un commentaire explicatif,
simple, profond et précieux, de M. F. de Rougemont.
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ÉCOLES.
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Quelques rabbins parlent d'écoles antédiluviennes, dirigées successivement par Adam, Énos et Noé; puis
par Melchisédec à Kiriathsépher; il ajoutent qu'Abraham donnait des leçons d'arithmétique et
d'astronomie en Caldée; qu'il en donna plus tard en Égypte, et que Jacob lui succéda dans l'art
d'enseigner. Fis ne disent pas à quelles sources ils ont puisé ces traditions, plus qu'incertaines. Les écoles
proprement dites, destinées à la culture intellectuelle du peuple, ne furent pas plus connues des Israélites
avant l'exil, qu'elles ne le furent des premiers Romains, ce qui n'a rien qui doive surprendre puisque
l'antiquité n'avait pas un cercle de connaissances élémentaires bien étendu, la lecture, et surtout l'écriture
étant l'apanage presque exclusif des riches. On ne saurait douter que les enfants ne reçussent une
instruction religieuse, mais les parents seuls en étaient chargés, Proverbes 6:20; déjà Moïse avait ordonné
aux Hébreux d'élever leurs enfants dans la connaissance de leur loi et de leur histoire, Deutéronome
6:7,20; 11:19. Peut-être les rois avaient-ils pour leurs fils des gouverneurs particuliers. Mais ce ne sont pas
là des écoles; il n'en faut pas voir davantage dans les enseignements que Moïse, Aaron et les anciens
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