Page 1212 - Dictionnaire de la Bible J.A. Bost

Version HTML de base

Colossiens 2:17. La loi est appelée par l'apôtre l'ombre, la figure des choses à venir. De même encore
Hébreux 10:1. (σκία τών μελλοντων). Mais la simple lecture de ces deux passages prouve que, si l'idée de
ressemblance entre pour quelque chose dans la pensée de l'apôtre, cependant c'est l'idée d'infériorité
surtout à laquelle il s'attache. La circoncision, la distinction des mets, différents jours de fêtes institués par
Moïse, sont les faibles et pauvres rudiments de Galates 4:9, une ombre en comparaison du corps, de la
réalité qui est Christ, cf. encore Tite 3:9; Hébreux 7:18; 8:6. Paul rabaisse évidemment la loi de Moïse pour
relever celle de Christ.
Hébreux 8:5; 9:23. Le tabernacle et les objets du culte sont appelés une image et une ombre des choses du
ciel. La fin du premier de ces deux versets (le second n'est qu'un parallèle du premier) explique le sens de
l'image: le tabernacle n'est pas appelé l'ombre de quelque chose à venir, mais la simple et grossière copie
du modèle que Moïse avait vu, l'imparfaite imitation de quelque chose de plus relevé: c'est donc moins
un type qu'une copie, un souvenir, et ces passages ne sauraient suffire à fonder une doctrine.
Nous ne prétendons pas que l'économie juive n'ait aucun rapport avec le christianisme, car presque
partout leurs rapports généraux sont indiqués d'une manière générale; mais ces rapports, selon nous,
tiennent plus à la nature des choses qu'à une institution, ou intention proprement dite, et sont tels qu'on
doit les attendre de deux révélations données par le même Dieu, et qui ne diffèrent qu'en ce que l'une est
plus étendue et plus parfaite que l'autre. Il y a d'ailleurs une similitude générale dans toutes les
opérations de la Providence, et une analogie des choses, dans le monde moral aussi bien que dans l'ordre
naturel, d'où il est aisé d'argumenter par forme de parité, et il est même très commun de le faire. Ainsi la
chenille, tour à tour ver, chrysalide et papillon, peut très bien représenter la vie, la mort, et la résurrection
de l'homme, sans qu'on veuille affirmer, pour cela, que les chenilles ont été créées spécialement pour
préfigurer notre destinée. De même encore les livres saints comparent la fragilité de la vie et de la gloire
de l'homme aux fleurs qui se fanent, sans qu'on imagine de voir là autre chose qu'une comparaison pure
et simple.
Les deux révélations, qui ont la même origine et qui tendent vers un même but, ne sauraient autrement
que d'avoir de nombreux points communs; mais vouloir que chaque détail de l'une soit l'annonce d'un
détail analogue dans l'autre, c'est à la fois puéril et dangereux.
Les types, comme on l'a dit plus haut, ne peuvent exister pour nous que s'ils existaient déjà pour ceux à
qui ils étaient nécessaires. À nous, ils ne nous importent, non plus que les prophéties, que comme les
détails de ce vaste ensemble préparatoire qu'on appelle le mosaïsme; les types ne nous annoncent rien, les
prophéties déjà accomplies ne nous annoncent rien. Pour les Juifs au contraire, les types, comme les
prophéties, devaient être une révélation de l'avenir dans un sens spécial; c'était là leur but; ils n'avaient
par conséquent pas le droit de se cacher: c'était une des conditions de leur existence. M. Robert Haldane,
dans un de ses meilleurs ouvrages (Évid. de la div. Rév., p. 227 et suivant), a pressenti, sans la formuler,
une règle qu'il n'a pas suivie lui-même, et qui renferme le germe de la doctrine sur ce point: «Le plan
préparatoire de la venue du Messie, dit-il, était amené à sa fin... par une série de phénomènes typiques et
paraboliques qui frappaient les sens, par lesquels l'œuvre de la rédemption était figurée et restait sous les
yeux des hommes.» C'est en effet l'idée de la rédemption que nous devons surtout rechercher dans les
types; mais il ne faut pas oublier, et cela ressort de ce que dit M. Haldane, que c'est en nous plaçant au
point de vue des Juifs que nous devons faire cette recherche. Ce qui peut être frappant pour nous ne
l'était pas nécessairement pour eux; ce que nous découvrons, ils ne pouvaient pas toujours le
comprendre; et il est impossible qu'il ne se soit pas trouvé entre le Fils de l'homme et les hommes pieux
qui ont été avant lui, une foule de rapports de vie, de position, de naissance, de caractère, de souffrance,
etc., qui peuvent parler à notre esprit, mais qui ne disaient rien à l'esprit des Juifs. Après
l'accomplissement, on remarque toujours des coïncidences que l'on ne pouvait pas soupçonner
1210