Page 1210 - Dictionnaire de la Bible J.A. Bost

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époques (la pâque, la pentecôte), et enfin des purifications typiques (la purification de la lèpre);
l'admission ou le rejet de tous ces types dépendra évidemment de la définition même qu'on donnera du
mot pour commencer. Car tout est là.
Ce sont les Pères de l'Église qui, les premiers, et par une fausse spiritualité dont ils ont donné d'autres
preuves encore, ont ouvert cette abondante carrière de types; c'était dans leur caractère et dans la nature
de leur foi. Leur maxime était que «les paroles des livres saints signifient tout ce qu'elles peuvent
signifier», et Augustin ne s'est pas rappelé cette autre maxime si sage, qu'il avait lui-même formulée: «En
pressant le raisin, on obtient du vin, mais en le pressant trop, on obtient une piquette amère. «Ils ont
voulu aller au-delà de ce qu'avaient fait les apôtres, et pour les imiter et perfectionner leur ouvrage, ils
ont cherché et trouvé partout des sens typiques et allégoriques.
Ainsi le pressoir où Gédéon battait son blé, le blé qu'il battait, l'ange qui lui apparaît, l'arbre sous lequel se
fit cette apparition, tout enfin, dans l'Ancien Testament, est devenu pour eux des types. Justin et Clément
d'Alexandrie ont frayé cette voie dans laquelle se sont jetés plus ou moins Chrysostôme, Bernard,
Ambroise, Grégoire, Jérôme même, et pardessus tous Augustin et Origène. «Le fils de Dieu, dit Augustin,
est appelé la vigne, car c'est lui qui était figuré par la grappe de raisin que les deux espions rapportèrent
de Canaan, suspendue à un bâton, pour marquer le Sauveur suspendu à la croix. Les deux hommes qui
portaient la grappe représentaient les Juifs et les païens; celui qui allait le premier tournant le dos au
raisin, est l'emblème des Juifs qui ont précédé Jésus-Christ, et lui ont tourné le dos et non le visage,
comme Dieu s'en plaint, Jérémie 2:27; les païens, au contraire, qui ont embrassé le christianisme, sont
figurés par celui qui marchait le second en regardant la grappe.» Il serait aisé de citer un grand nombre
d'exemples de ce genre, les écrits de ce père en fourmillent. Pour Origène, se fondant sur ce que le culte
lévitique était une figure du christianisme, il a voulu voir des types jusque dans les moindres ustensiles
employés au service du temple.
Après les Pères sont venus les scholastiques qui, appliquant cette méthode aux sentences de Moïse et des
prophètes, ont ainsi tâché de justifier des cérémonies et des dogmes qui n'avaient point de fondement
dans la Bible; c'est ainsi qu'ils ont fondé le pouvoir temporel et spirituel du pape sur les deux épées que
Pierre présente au Sauveur: les sandales et souliers que l'on voit aux pieds des prélats chantant la messe,
n'y sont que parce qu'il est écrit au Psaumes 60: «Je jetterai mes souliers contre Édom»; leurs gants
viennent de ce qu'il est écrit: «Que votre main droite ne sache pas ce que fait votre main gauche»
(Matthieu 6:3); et ces gants sont de peau, et non pas de soie ou de filoselle, parce que Jacob avait les mains
couvertes de peaux quand il surprit la bénédiction d'Isaac (Innocent III, liv. I des Myst., chapitre 41 et 57,
— Voir: Puaux, Anat. du Papisme, p. 265)
De pareilles aberrations font naturellement réfléchir. On aurait tort sans doute de conclure de l'abus
contre l'usage, mais on est conduit à examiner les titres mêmes de l'usage, et la question se pose encore
ici: que faut-il entendre par un type?
Lorsque nous examinons nos saints livres, nous trouvons un assez grand nombre de comparaisons que
Jésus-Christ et les apôtres ont établies entre certains objets des deux alliances, qui paraissent renfermer
des figures de Christ et de ses bienfaits. C'est ainsi que par rapport à la personne de Jésus-Christ, on voit
expliqués typiquement: Jonas (Matthieu 12:39),
— le serpent d'airain (Jean 3:14), Adam (Romains 5:14), Melchisédec (Hébreux 7,) auquel plusieurs
veulent qu'on ajoute Salomon (Matthieu 12:42; Hébreux 1:8-9),
— David (Romains 1:4; Hébreux 1:5), ainsi que les rois, les sacrificateurs et les prophètes. Par rapport aux
bienfaits du Messie, on trouve l'agneau pascal (1 Corinthiens 5:7; Jean 19:36),
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