Page 1200 - Dictionnaire de la Bible J.A. Bost

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entendu leurs ecclésiastiques faire la remarque qu'ils étaient un peuple de col roide, comme leurs pères
de l'Ancien Testament. Ces allusions accidentelles à leurs ancêtres hébreux, prouvent d'une manière
victorieuse que leur tradition est généralement reçue comme une vérité. Quoique cela tourne à leur
confusion, pas un d'entre eux ne nie qu'il ne soit enfant d'Israël. Le savant et l'ignorant, le jeune homme et
le vieillard, tous reconnaissent cette relation.
2.
La haine qui existe entre les Nestoriens et les Juifs écarte toute idée d'une tradition fabriquée.
Quel motif pourrait les conduire à vouloir s'affilier à leurs plus implacables ennemis? Est-il croyable
qu'une tradition, dénuée de fondement, et prétendant les lier à un peuple avec lequel ils ne veulent pas
même manger, eût été universellement adoptée parmi les diverses tribus des Nestoriens? Par qui, et À
quelle époque de leur histoire, leur aurait-elle été imposée? Comment aucune réclamation ne se serait-elle
élevée au milieu d'une nation si nombreuse? Là, comme partout ailleurs, les Juifs sont les plus méprisés et
les plus persécutés de tous les peuples: la haine est donc attachée à tout ce qui s'allie à eux. Par crainte de
cette haine, j'ai vu des Nestoriens hésiter à répondre quand on les interrogeait sur leurs ancêtres, et
cependant ils finissaient tous par convenir de leur origine juive.
3.
Leur ignorance des prophéties ne permet pas non plus de supposer que cette tradition ait pris sa
source chez les conducteurs religieux, en vue des grandes bénédictions temporelles promises aux Juifs. Ils
n'ont aucune idée de bénédictions de ce genre pour les Israélites en particulier; ils croient au triomphe
final du christianisme dans le monde, mais ne réclament pour eux-mêmes aucune prééminence sur les
autres chrétiens. Ils lisent peu les prophètes, et les comprennent encore moins; leur interprétation des
écrits prophétiques est, en général, mystique et confuse.
4.
La situation écartée du grand corps de l'Église nestorienne s'oppose presque entièrement à ce que
l'idée de leur origine juive leur ait pu être suggérée par les nations voisines. Ils habitent principalement
des montagnes presque inaccessibles, dans lesquelles ils sont tenus à l'abri de toute influence du dehors.
Les étrangers n'ont que bien rarement pénétré jusqu'à eux, et je ne connais aucun peuple qui entretienne
aussi peu de rapports avec ceux qui l'entourent; bien plus, si leurs voisins les avaient assimilés aux Juifs,
n'auraient-ils pas repoussé jusqu'à la pensée d'une semblable connexion? Est-il croyable qu'ils l'eussent
reçue comme base d'une tradition générale? et, quand il serait probable qu'une pareille falsification se fût
introduite en quelque localité, comment aurait-on pu induire la nation tout entière à admettre une
imposture contre laquelle se révoltaient tous leurs sentiments naturels?
Plus loin, au chapitre 12, page 110 et suivant, M. Grant s'attache à prouver que les lieux habités
aujourd'hui par les Nestoriens, sont précisément ceux dans lesquels les dix tribus furent transportées, et
c'est une chose assez remarquable que, quoique emmenées captives par différents conquérants, et à
quatre-vingt-dix ans d'intervalle, toutes les tribus furent établies dans la même contrée; rien ne prouve ou
ne fait même supposer qu'elles aient été déplacées; au cinquième siècle, dans tous les cas, elles habitaient
encore la terre de la captivité.
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TRIBUT,
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tributaires,
— Voir: Impôts.
Le tribut, qui implique la reconnaissance d'une souveraineté, se dit ordinairement de l'impôt payé à une
puissance étrangère; cependant le mot s'emploie quelquefois aussi des impôts payés au maître légitime.
Dieu étant le vrai souverain d'Israël, avait la première part dans les tributs prélevés sur le pays; les rois
eurent la seconde, et ils se la firent large, au point que les murmures du peuple, après le règne do
Salomon, finirent par provoquer la scission du royaume. On fait souvent une révolution pour obtenir une
réduction dans les impôts, et l'on est souvent trompé. Les dix tribus en firent l'expérience. Quant aux
tributs étrangers, les Israélites tour à tour les imposèrent et durent les payer. Sous Salomon, les
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