Les généalogies, à la recherche desquelles s'adonnaient les Juifs d'Éphèse et de Crète, 1 Timothée 1:4; Tite
3:9, sont: ou bien une filiation que, dans un orgueil de judaïsants, les Juifs convertis cherchaient encore à
établir entre eux et Abraham pour bien démontrer qu'ils étaient Juifs pur sang, par opposition aux païens,
recherche que Paul condamne comme impossible ou comme oiseuse, même en cas de réussite;
— ou bien, plus probablement, il est question dans ces passages de la doctrine gnostique des émanations,
des Éons, des vertus célestes qui s'engendrent les unes les autres (Irénée, Tertullien), recherche absurde et
fastidieuse, comme le savent tous ceux qui s'en sont occupés, et de laquelle Paul pouvait bien dire qu'elle
était de nature à produire des disputes plutôt que l'édification de Dieu.
Les douze tribus d'Israël doivent être un jour rétablies de Dieu dans le pays qui fut promis à leur père
Abraham. Cette doctrine a été professée de tout temps dans l'Église chrétienne; elle fut celle de tous les
Pères, soit grecs, soit latins. Elle est de la plus haute importance pour l'Église des gentils, comme pour
celle des Juifs; car elle se lie d'une manière intime et nécessaire à toutes les espérances des enfants de Dieu
sur le règne de Jésus-Christ, sur la résurrection des saints, sur l'avènement du Sauveur; en un mot, elle se
rattache à toutes les gloires futures du peuple de Dieu. S'il fallait en venir à des témoignages pour la
justifier, nous aurions bientôt cité: dans l'Ancien Testament, le 30e chapitre du Deutéronome, le 11e, le
43e et 49e d'Ésaïe; le 23e, le 31e, le 33e de Jérémie; le 1er et le 3e d'Osée; le 12e de Daniel; les déclarations
d'Ésaïe dans son 28e chapitre et dans les onze suivants; et dans le Nouveau Testament, le 23e de
Matthieu, le 1er des Actes, le 11e des Romains. Cependant toute la force de l'argument qu'on lire de ces
nombreux passages en faveur d'un retour, encore à venir, des Israélites au pays de leurs pères, est dans le
double fait que voici: «Les dix tribus d'Israël ne furent jamais rétablies, et elles existent encore quelque
part.»
Il faut donc établir:
1.
Que le retour des Juifs à Jérusalem, après les soixante-dix ans de captivité à Babylone, ne les a
point concernées; et
2.
qu'elles vivent encore en quelque contrée du globe sous des conditions telles qu'on puisse y
reconnaître un jour leur identité nationale.
Le fait de la restauration future de toute la maison d'Israël (y compris Éphraïm, aussi bien que Juda), est
attesté par les prophéties les plus claires (— Voir: plus particulièrement Jérémie 3:18,23; Ézéchiel 39:25,40;
Osée 1:14). Et ce qui prouve incontestablement que cette prédiction n'eut point son accomplissement alors
que les Juifs des deux tribus revinrent de Babylone, c'est
1.
que le prophète Zacharie, qui n'écrivit qu'après ce retour des Juifs à Jérusalem, prédit lui-même
une restauration de la maison de Joseph (père d'Éphraïm) avec celle de Juda (chapitre 10).
2.
C'est qu'Ézéchiel a soin de mentionner ce petit nombre d'Israélites des dix tribus, qui se joignirent
aux Juifs revenant de Babylone, et de nous dire qu'il s'agira de bien autre chose dans la restauration
dernière. Il prend un bâton, et il écrit dessus: «Pour Juda, et pour les enfants d'Israël, ses compagnons.»
Voilà pour le premier. Mais il reçoit l'ordre aussi d'en prendre un autre, et d'écrire dessus: Pour Joseph le
bâton d'Éphraïm, et pour toute la maison d'Israël, ses compagnons.» Voilà donc les deux nations qui,
dans l'avenir, doivent ne former qu'un seul et même peuple; c'est, d'un côté, Juda, avec le petit nombre
des Éphraïmites qui se joignirent à lui; c'est, de l'autre, Éphraïm, avec tout le reste des dix tribus.
— «Ils ne seront plus deux nations; ils ne se souilleront plus par leurs infamies; je les retirerai de toutes
les demeures dans lesquels ils ont péché» (verset 22), dit l'Éternel. Ézéchiel 37:16.
3.
Enfin, c'est que les Israélites rétablis n'auront alors qu'un seul et même roi de la maison de David
(Ézéchiel 37:22,24; Jérémie 30:3,9; Ézéchiel 34, Osée 3:4-5; Zacharie 12:10). Ce fait n'a jamais eu lieu depuis
le temps de Cyrus jusqu'à celui de Titus: il est donc encore à venir. Et que penser de Christ ?
Mais, si les dix tribus doivent être rétablies dans les derniers temps, et si leur identité nationale doit être
alors reconnue, où sont-elles aujourd'hui? Voilà la grande question.
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