Page 1187 - Dictionnaire de la Bible J.A. Bost

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supposer (tous les interprètes en sont réduits à des suppositions sur ce point) que Paul, passant à Éphèse
ou près de là, y laissa Timothée muni de quelques instructions qui cependant n'étaient point suffisantes, 1
Timothée 1:3; qu'il poursuit son voyage par Philippes, jusqu'à Troas, 2 Timothée 4:13; qu'il revient de la
Macédoine dans l'Asie-Mineure pour y voir Timothée, ainsi qu'il le lui avait promis dans sa première
épître; qu'il lui fait des adieux solennels, 2 Timothée 1:4, comme s'il allait entreprendre un voyage long et
dangereux; que dans ce voyage il laisse Trophyme malade à Milet, et Éraste à Corinthe, 2 Timothée 4:20;
qu'il pousse peut-être jusqu'en Espagne, et qu'enfin il arrive à Rome, soit libre, soit prisonnier; qu'il
envoie de là quelques-uns de ses compagnons comme missionnaires, 2 Timothée 4:10; qu'il fait peut-être
prévenir verbalement Timothée de venir le joindre (supposition nécessaire pour expliquer sa seconde
Épître, où il s'adresse à Timothée comme si celui-ci connaissait déjà son emprisonnement); qu'ayant été
entendu par le juge, et n'espérant plus recouvrer sa liberté, Paul presse Timothée de venir le voir avant
l'hiver, et d'amener Marc avec lui, 2 Timothée 4:11,21. La seconde Épître à Timothée aurait donc été écrite
de Rome en 67, et adressée au disciple à Éphèse. Quant à la première, elle se place naturellement pendant
le voyage que fit Paul en Macédoine après qu'il eut établi Timothée à Éphèse, de sorte que la notice
ajoutée dans les éditions ordinaires à la fin de l'épître est fausse, comme d'autres qui font dater la lettre
d'Athènes. L'Épître à Tite fut écrite à la même époque, ainsi que cela résulte de sa grande ressemblance
avec la première à Timothée. La tradition ajoute à ces données du récit biblique, que Timothée fut évêque
d'Éphèse, et qu'il souffrit le martyre sous Domitien (81-96 avant J.-C.). On suppose que le Timothée de
Hébreux 13, est le même que le disciple de Paul, mais ou ne sait à quel événement de sa vie l'apôtre fait
allusion en parlant de sa mise en liberté, si toutefois cette traduction doit être admise, ce qui est contesté
par plusieurs commentateurs.
— Le caractère de Timothée est assez relevé parla confiance et l'amitié de saint Paul; on peut dire qu'il est
sans tache; pur, égal, aimant et doux pour les autres, il ne se ménageait pas assez lui- même, et l'apôtre ne
lui reproche que trop de sobriété, un ascétisme trop rigoureux et trop austère, 1 Timothée 5:23. Heureux
les pasteurs qui ne méritent pas d'autre censure! Le ministère si fécond de Timothée n'est connu que par
les lettres qu'il a reçues d'un apôtre; sa carrière si importante serait entièrement oubliée sans cette
circonstance, et l'on-peut se faire une idée, par ce seul exemple, de ce que doit avoir été l'activité des
premiers apôtres et missionnaires, sur la vie desquels nous n'avons aucun détail. Il semble aussi qu'on
doive se réjouir de ce qu'au milieu de toutes les peines de sa vie, Paul ait eu la douceur de rencontrer un
ami comme Timothée, qui pouvait si bien le comprendre et sympathiser avec lui, 2 Timothée 3:10.
Dépareilles amitiés ne peuvent s'établir qu'entre chrétiens; elles sont durables et parfaites, parce qu'elles
unissent la connaissance et le sentiment, la vérité et la charité; cf. 2 Jean 2.
Épîtres pastorales.
On désigne sous ce nom les deux Épîtres à Timothée, et l'Épître à Tite. Elles se distinguent de toutes les
lettres de Paul qui nous sont parvenues, en ce qu'elles sont les seules qu'il ait adressées à des compagnons
de service; elles se distinguent aussi par là de l'Épître à Philémon, qui n'est qu'une simple lettre de
particulier, et qui ne traite que d'un seul objet de la plus grande simplicité, d'une demande pour laquelle
une exposition longue et variée était moins nécessaire qu'une manière persuasive de la présenter. Dans
les épîtres pastorales, au contraire, Paul est convaincu d'avance que son lecteur est disposé à recevoir les
préceptes qu'il lui donne. Ce sont des lettres d'amitié, mais ce sont aussi des lettres d'affaires; elles ont ce
double caractère, et il est évident qu'elles étaient destinées à recevoir une certaine publicité. Ce qui a été
dit plus haut sert à fixer les dates de ces lettres, les lieux d'où elles furent écrites et leurs circonstances: il
faudrait un livre spécial pour résoudre les doutes et prouver les assertions; ce n'est point ici notre tâche.
Il n'est aucune épître dont l'authenticité ait éprouvé de plus rudes attaques que la première Épître à
Timothée; c'est Schleiermacher qui lui a porté les premiers coups, s'appuyant de la logique, de la
philologie et de l'histoire. On lui prouva (Planck) que la plupart de ses arguments s'appliquaient avec la
même force aux deux autres épîtres pastorales, et Eichhorn, profitant de la leçon, ne tarda pas à attaquer
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