en faire l'expérience personnelle. L'autorisation que Dieu donna à l'érection d'un temple n'est pas une
approbation, c'est à peine un consentement; il dit à David: je n'en ai pas besoin, ton fils me bâtira une
maison. Il semble protester pour sa part, constater un fait, et en laisser l'auteur entièrement responsable.
7.
La visite de la reine de Séba est mentionnée avec une sorte d'éclat au milieu de toutes les autres
visites qui furent faites à Salomon. Les offrandes qu'elle apportait, la beauté et la grandeur de son cortège,
son admiration pour la science et l'esprit du roi hébreu, sont rapportés avec complaisance; ses discours
semblent annoncer qu'elle était digne de l'hôte qu'elle venait admirer. Notre Seigneur, en la louant de ce
qu'elle avait fait, Matthieu 12:42; Luc 11:31, blâme les Juifs de ne pas pressentir le roi de gloire, la sagesse
éternelle qui est au milieu d'eux.
— Une tradition éthiopienne porte que la reine de Séba eut de Salomon un fils, Méniléhek, duquel les rois
actuels d'Abyssinie prétendent encore descendre en ligne directe,
— Voir: Sheba.
8.
La relation des Chroniques est en général plus courte que celle des Rois, et elle supprime certains
détails qui ne manquent pas d'importance, notamment la chute et l'idolâtrie de Salomon, et les exécutions
qui inaugurèrent son règne. Le plan particulier de ces deux livres explique ces différences, et en explique
d'autres encore: les Rois racontent, ainsi que leur litre l'indique, l'histoire des rois; les Chroniques
racontent davantage l'histoire du royaume théocratique. Plusieurs actes de Salomon, sa chute entre
autres, furent des actes personnels, et c'est moins pour ménager sa gloire que pour s'en tenir à ce
qu'exigeait leur plan, que les Chroniques ont passé sous silence des faits, instructifs sans doute comme
histoire d'un individu, mais presque sans relation avec l'histoire du royaume. Si l'on se rappelle ensuite
que les Rois sont l'histoire des prophètes et, pour ainsi dire, du culte libre, et que les Chroniques nous
racontent l'histoire dans ses rapports avec le culte lévitique, national, on comprendra certaines autres
variantes, omissions, ou additions, telles que 2 Chroniques 2:17; cf. 1 Rois 5:13; 2 Chroniques 5:11-14; cf. 1
Rois 8:10; 2 Chroniques 8:12; cf. 1 Rois 9:25. La conciliation de quelques autres différences, ou le jugement
à porter sur leur nature, n'appartient pas à notre travail; c'est l'affaire des commentaires.
9.
Que Salomon soit revenu de ses égarements avant de mourir, c'est ce qui ne nous laisse pas
l'ombre d'un doute, mais le récit biblique se tait sur ce point. Le fils de David, le constructeur du temple,
l'auteur de trois des livres du canon, ne saurait être un réprouvé; il a pu tomber, mais il a dû se relever, et
si la réprobation pesait sur lui le livre des Chroniques ne nous laisserait pas sous l'impression de sa
fidélité: ce n'est même que parce qu'il s'est repenti que l'auteur des Chroniques a pu passer sa chute sous
silence. Une Chute n'était qu'un fait, une apostasie finale eût modifié, ou plutôt changé complètement le
jugement que l'histoire doit porter sur ce monarque; et si Dieu l'a jugé digne de lui dénoncer lui-même les
châtiments qui fondraient sur son royaume, c'est que Dieu ne le rejetait point; il est d'ailleurs probable
que cette vision, et les troubles de ses derniers jours, furent le moyen dont Dieu se servit pour le ramener
à lui.
10.
La tradition et les légendes se sont emparées de cette vie si riche et si grande, et l'Orient chante
encore Salomon: nous n'avons pas à nous en occuper; le seul fait à signaler est la durée de quatre-vingts
ans que Flavius Josèphe donne à ce règne; en faisant mourir Salomon à quatre-vingt-quatorze ans, il en
fait une sorte de Louis XIV, moins les guerres et les persécutions religieuses.
11.
Le nom de Salomon est souvent rappelé dans l'histoire de ses successeurs, ou à propos du temple
et du culte. En dehors des livres historiques de l'Ancien Testament, on le trouve Psaumes 72:1; Jérémie
52:20; Néhémie 13:26; Matthieu 6:29; 12:42; Luc 11:31; 12:27; Jean 10:23; Actes 3:11; 5:12; 7:47, et il est à
remarquer que dans tous ceux de ces passages où il sert de terme de comparaison, il est nommé avec
défaveur et comme terme inférieur.
Le parallèle suivant complétera ce qui a été dit ailleurs du caractère de ce monarque, et contribuera à jeter
du jour sur sa vie, sa philosophie et ses récits. Une étude profonde du sujet, et une intelligence parfaite du
sens hébreu, ont seules pu inspirer à M. F. de Rougemont ce remarquable fragment. «David et Salomon
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