Le culte de l'Éternel ne pouvait rester oublié au milieu de la prospérité générale; le temple dont David
avait conçu le dessein et dont Dieu avait promis l'exécution à Salomon, ne pouvait pas tarder à s'élever et
devait éclipser en splendeur tout ce qui avait été fait jusqu'alors. Le moment était venu de fixer l'arche et
le tabernacle qui, depuis des siècles, avaient été errants de Silo à Nob, puis à Bahalé, puis à Gabaon, puis
à Jérusalem, d'abord chez Hobed-Édom, puis sous une tente élevée par David; le moment était venu de
réunir d'une manière stable les divers objets du culte jusqu'alors dispersés, et de donner à la religion juive
un centre où le peuple vînt adorer une magnificence qui répondît aux charnelles objections des idolâtres,
qui excitât l'esprit charnel des Hébreux indifférents. David avait déjà assemblé les premiers matériaux, 1
Chroniques 22:3; Salomon continua; ses rapports avec le roi de Tyr lui rendirent la tâche plus facile; des
ouvriers tyriens et les bois du Liban furent mis à sa disposition; plus de 150,000 hommes travaillèrent à ce
grand ouvrage qui, entrepris dans la quatrième année du règne de Salomon, fut entièrement achevé en
sept ans et demi. La dédicace du temple eut lieu l'année suivante et dura sept jours, puis vint se
confondre avec la fête des tabernacles qui commençait. Une foule immense était venue de toutes les
parties du royaume; l'arche fut conduite avec pompe, accompagnée de tous les chefs d'Israël, et déposée
solennellement dans le lieu très saint; au moment où le voile qui devait la cacher aux yeux du peuple fut
abaissé, la nuée de l'Éternel remplit le temple, et Salomon prononça la magnifique prière de consécration
que l'Écriture nous a conservée; après s'être levé il bénit le peuple, le feu du ciel tombe et consume les
premiers holocaustes; la nuée sainte se répand dans le temple, et le peuple entier se prosterne comme un
seul homme. Pendant cette double fête qui dura deux semaines, les sacrifices, les holocaustes, les chants
sacrés continuèrent sans interruption; Jérusalem, ornée de feuillage, embellie par ses nouveaux bâtiments,
animée par la présence de ses innombrables hôtes, fut ce jour-là la reine du monde et devait présenter un
coup d'œil enchanteur; la chair de 22,000 bœufs et de 120,000 brebis offerts en sacrifices par Salomon,
servit aux festins de ces nombreux convives qui remportèrent dans leurs tribus, dans leurs villes et dans
leurs campagnes, bien des joies et de bien beaux souvenirs.
L'Éternel apparut alors une seconde fois à Salomon; en lui rappelant les promesses de Gabaon, il lui
rappela aussi que sa prospérité dépendrait de sa fidélité. Cet avertissement était nécessaire à ce roi de
trente-deux ou trente-trois ans; il était à craindre que tant d'élévation ne lui donnât le vertige. Salomon ne
répondit rien. Quelques années heureuses et pures s'écoulèrent encore. Le fils de David avait épousé une
Pharaon, convertie sans doute au Dieu d'Israël, mais toujours considérée par le peuple comme une
étrangère, et ce fut probablement pour céder à l'opinion publique, peut-être aussi par un scrupule
personnel, que Salomon ne permit pas qu'elle habitât la maison de David où l'arche était restée quelque
temps. Cette Égyptienne était la reine de l'empire, de préférence aux autres épouses de Salomon, parmi
lesquelles on trouve encore plusieurs païennes d'origine, Hammonites, Moabites, Héthiennes,
Sidoniennes, etc. Si l'on se rappelle les paroles de Moïse, Deutéronome 23:7, on ne peut s'empêcher de
trouver un excès de susceptibilité religieuse soit chez le peuple, soit chez le roi, dans le refus de la laisser
habiter la maison de David; et si cet excès vaut mieux que l'excès contraire, il faut avouer aussi que bien
souvent l'un sert à cacher l'autre.
La visite de la reine de Séba est la dernière gloire de ce règne, et servit peut-être de transition aux
désordres qui en déshonorèrent la fin. On voudrait presque ne lire l'histoire de Salomon que dans le livre
des Chroniques qui la termine ici. La prospérité, l'achèvement de ses travaux, le repos perdirent le plus
sage des rois; des femmes égarèrent son cœur; il se forma un immense harem, et l'impureté poussa à
l'idolâtrie le fils de David, le constructeur du temple, le restaurateur du culte; il consacra aux idoles des
hauts lieux que Josias détruisit plus tard, 2 Rois 23:13; ses concubines voulurent rester fidèles à la religion
de leurs pères, et chacune sut entraîner le grand roi dans son idolâtrie. Une troisième fois l'Éternel lui
apparut, mais ce fut pour lui annoncer la division qui déchirerait son royaume après sa mort; le
châtiment ne frappa que lorsque l'heure eut sonné, mais il se fit pressentir; le tonnerre gronda longtemps
avant qu'on ne vît tomber la foudre; la révolte bientôt étouffée de Hamath, 2 Chroniques 8:3, appartient
sans doute à ces signes qui devaient annoncer la fin d'une paix de quarante années; le retour de Hadad en
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