Page 1054 - Dictionnaire de la Bible J.A. Bost

Version HTML de base

fils de David et de Bathsébah, le dixième fils de David selon la liste de 1 Chroniques 3:5, et son successeur
sur le trône de Juda. Son règne de quarante années va de 1015 à 975 avant J.-C. Son histoire est renfermée
dans les onze premiers chapitres du premier livre des Rois, et racontée de nouveau sous un autre point
de vue, et avec quelques omissions importantes, 2 Chroniques 1-9. Élève de Nathan, il était appelé au
trône par les promesses que Dieu avait faites à David, son père, 2 Samuel 7:12; 1 Chroniques 17:11;
Psaumes 132:11; 1 Rois 8:20. Une conspiration ayant pour but de le renverser hâta son couronnement. Il
fut présenté au peuple par Nathan, Tsadoc et Bénaja, reçut avec modestie les applaudissements de la
multitude, déjoua, par son élévation, le complot qui devait lui ravir la couronne avant qu'elle fût posée
sur sa tête, et pardonna à son imprudent et malheureux frère Adonija, n'exigeant de lui qu'un avenir de
fidélité pour expiation d'une révolte passée. On suppose que c'est à l'âge d'environ vingt ans qu'il monta
sur le trône; Flavius Josèphe ne lui donne que quatorze ans, d'autres encore moins, à cette époque de sa
vie.
Des révoltes à peine étouffées, des guerres à peine finies, l'habitude de l'agitation chez le peuple, des
haines de famille, des rivalités sacerdotales, voilà ce que le jeune roi trouvait sur le trône à un âge où l'on
n'a pas encore d'expérience, et après une éducation qui, en l'éloignant du tourbillon de la vie publique,
n'avait pu remplacer pour lui l'expérience. Des troubles politiques et des troubles religieux! Mais le ciel ne
resta pas longtemps sombre: les nuages se dissipèrent, et le soleil parut.
Quelques actes énergiques commandés par une sage politique, et par le testament de David, firent
connaître au peuple que Salomon régnerait avec justice et fermeté. Joab fut mis à mort comme meurtrier
d'Abner et d'Hamasa; Adonija, qui renouvela sous une forme détournée ses prétentions à la couronne, fut
puni de mort; Simhi, qui avait enfreint la condition de son salut, fut puni de mort; Abiathar, qui avait
trempé dans la conspiration d'Adonija, vit la peine de mort commuée en celle de l'exil, en considération
des services qu'il avait rendus à son père; Barzillaï et ses enfants reçurent la récompense de leur fidélité.
— En exerçant ainsi la justice, en montrant qu'il ne s'arrêtait pas au rang du criminel, mais qu'il frappait
le crime, quel qu'en fût l'auteur, Salomon affermit le sceptre entre ses mains. Jusque là il n'avait fait que
suivre les inspirations de son père, et il avait réussi; il devait apprendre à régner seul. Il assembla le
peuple à Gabaon, où était encore le tabernacle, et il y offrit mille holocaustes à la fois, splendide
inauguration d'un règne qui devait rétablir et achever de régler le culte. La nuit suivante, Dieu lui
apparut en songe, et lui demanda de choisir ce qu'il désirait, grave et solennelle épreuve pour le cœur
d'un jeune homme! (On se rappelle involontairement l'épreuve de Paris sur le mont Ida). Salomon
répondit par une prière touchante et pleine d'humilité, et, sage, il demanda la sagesse. Il éprouva ce que
l'homme a tant de peine à croire, que toutes choses sont données par dessus à celui qui cherche
premièrement le royaume des cieux et sa justice, Matthieu 6:33. Dieu lui accorda la sagesse qu'il avait
demandée, les richesses et la gloire qu'il n'avait pas demandées. Plein de joie, il revint à Jérusalem
achever devant l'arche sainte les sacrifices qu'il avait commencés devant le tabernacle à Gabaon. Il fut
bientôt appelé à donner publiquement une preuve de sa sagesse, et l'histoire des deux femmes réclamant
l'une et l'autre, comme le leur, un même enfant, est un des plus beaux épisodes de sa vie, une des plus
belles et des plus naïves peintures de la vie et des mœurs judiciaires de l'ancien Orient. Bientôt la gloire
de Salomon se répandit au dehors; sa puissance s'affermit sur tous les pays compris entre l'Euphrate et le
torrent d'Égypte; les trésors affluèrent à Jérusalem. En paix avec tous ses voisins, il vit tout prospérer à
l'intérieur: le commerce par terre et par mer se développa considérablement; des vallées furent comblées;
Jérusalem fut ceinte de remparts; des palais furent construits; des villes et des villages s'élevèrent et
s'agrandirent; Palmyre fut fondée au milieu des déserts vaincus et peuplés; de glorieuses alliances le
mirent en contact avec tous les princes de son temps, qui vinrent le visiter et admirer sa sagesse autant
que ses trésors; l'argent enfin, et l'or, nous dit l'historien, pour résumer en un mot la splendeur de ce
règne, n'étaient pas plus estimés à Jérusalem que les pierres, ni les cèdres du Liban que les figuiers de la
plaine.
1052