être général et ordinaire. Dans l'origine, et lorsqu'on ne comprenait pas le vrai sens du sacrifice, on offrait
des fruits de la terre, et des produits animaux non sanglants, du lait, du miel, etc. Les animaux ne furent
offerts d'abord que par ceux dont la foi devançait les siècles, et traversait le nuage épais des 4000 ans qui
cachaient à la vue la victime sans défaut et sans tache: le doux Abel sacrifia un agneau. Les païens n'en
vinrent à l'idée des offrandes sanglantes que lorsqu'ils eurent eux-mêmes commencé à se nourrir de la
chair des animaux, et Noé, sacrifiant au sortir de l'arche, donna à ses fils et à ses petits-fils un exemple,
une impulsion qui devait être suivie d'autant plus facilement que la chair allait devenir partie intégrante
de la vie et de la nourriture des hommes: c'est peut-être à cette introduction des sacrifices sanglants que
remonte aussi l'usage d'allumer le bois du bûcher, et d'embraser l'autel. Que Dieu ait le premier donné
aux hommes l'ordre ou même la seule idée de lui offrir des sacrifices, c'est ce qu'il n'est pas facile de
prouver; mais que ces sacrifices aient eu dans l'esprit de ceux qui les offraient une signification
dogmatique, confuse si l'on veut, mais réelle et positive, c'est ce qu'il est impossible de nier. Le sacrifice
était évidemment un rapport que l'homme voulait établir (ou maintenir) avec Dieu; c'était en outre un
acte d'humiliation; il renfermait l'idée que l'homme n'est pas aussi près de Dieu qu'il le devrait, que cette
séparation doit cesser, que cet intervalle doit être comblé, qu'il peut l'être, mais qu'une offrande est
nécessaire: un sentiment religieux quelconque présidait par conséquent à tout sacrifice, et la foi fit voir à
Abel ce que les autres ne faisaient que pressentir et entrevoir confusément, Hébreux 11:4.
Ce que les Israélites avaient reçu par tradition, leur législation le fixa et le compléta, en déterminant la
nature et le mode des sacrifices, le rituel, et tout ce qui s'y rapportait:
1.
L'objet de l'offrande, animal ou végétal, déposé sur l'autel de Jéhovah, devait appartenir au
nombre des aliments purs dont les Hébreux étaient appelés ou autorisés à faire eux-mêmes usage. On
distinguait les menachoth et les zebachim, ces dernières étant des victimes sanglantes, par opposition aux
premières, 1 Samuel 2:29; 3:14; Psaumes 40:6; Hébreux 8:3. Une substance minérale soluble, le sel, servait
d'assaisonnement aux offrandes de ces deux classes. Les offrandes végétales étaient ou sèches, ou
liquides: sèches (mincha), comme la fine farine, des grains rôtis, du pain, des gâteaux, de l'encens;
liquides (nèsek), comme l'huile et le vin. Les offrandes animales consistaient en animaux purs, cf. Genèse
8:20, taureaux, chevreaux, brebis, tourterelles, etc.; aucun poisson ne pouvait être offert. Ces animaux
devaient être nets de toute tache et sans défaut physique; leur âge même est l'objet de l'attention de
Moïse; à l'exception des tourterelles, ils ne devaient pas avoir moins de huit jours, Lévitique 22:27, la chair
trop jeune étant déjà par elle-même une chose malsaine et souvent dégoûtante. Le sexe des victimes était
indifférent dans les offrandes pour le péché, et dans les sacrifices d'actions de grâces, Lévitique 3:1, etc.
5:6; mais, comme holocauste, on ne pouvait offrir que des victimes du sexe le plus parfait. Le choix des
victimes était, dans la plupart des cas, laissé à la volonté de celui qui faisait le sacrifice, Lévitique 1:3, mais
il est déterminé dans les sacrifices pour le péché, etc., Lévitique 4:3; des boucs sont souvent ordonnés
pour ce dernier cas.
— Les Israélites professaient la plus grande horreur pour les sacrifices humains, Psaumes 106:37; Ésaïe
66:3; Ézéchiel 20:26,31, non seulement parce qu'ils étaient d'origine païenne, Lévitique 18:21; 20:2;
Deutéronome 12:31, mais parce qu'ils sont contraires à tous les sentiments de la nature et de l'humanité.
L'exemple d'Abraham sacrifiant Isaac ne peut rien prouver contre ce fait, non plus que le sacrifice de
Jephthé: le premier obéissait à un ordre spécial et positif de Dieu, qui n'en permit pas même l'exécution;
le second obéissait à un vœu irréfléchi qu'il ne se croyait plus le maître de ne pas accomplir.
2.
Le lieu où les sacrifices seraient offerts fut déterminé; il ne pouvait y en avoir qu'un: ce fut le
tabernacle dans le désert, puis le temple à Jérusalem. Ce lieu devait être unique pour rappeler l'unité de
Dieu, puis pour maintenir l'unité du peuple, et faciliter la fusion des tribus rivales en les réunissant
autour d'un seul et même sanctuaire. Tout sacrifice offert ailleurs qu'au lieu désigné était considéré
comme un acte d'idolâtrie et puni de mort, Lévitique 17:4; Deutéronome 12:5; 1 Rois 12:27. La loi ne fut
cependant pas toujours rigoureusement observée, au moins pendant la période des juges, et jusque sous
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