Page 56 - LES DEUX BABYLONES

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Il en conclut aussitôt qu'il fomentait une révolte
contre lui. Les symboles des Babyloniens dont
Cyrus avait pris la capitale et sur lesquels il
régnait, lui étaient entièrement familiers ; et si les
ailes étaient le symbole de la souveraineté, si leur
possession impliquait la souveraineté sur la
puissance, ou sur les armées de l'empire, il est aisé
de voir qu'il était tout naturel que le roi conçût au
sujet de ce prince des soupçons de déloyauté, dans
les circonstances que nous avons indiquées !
Le vrai sens de ce mot équivoque, Baal-aberin,
pourra seul expliquer le passage d'Aristophane où
il est dit :
"Au commencement du monde, les
oiseaux furent créés les premiers, et après eux vint la race bénie des immortels
"
– On a vu là une parole athée ou sans signification, mais si l'on a la clef de
ce langage, on verra qu'il contient un fait historique important. Les oiseaux, il ne
faut pas l'oublier, c'est-à-dire les ailés, symbolisaient les seigneurs des puissants,
le sens est donc clair ; le voici : les hommes commencèrent à être puissants sur la
terre, et les seigneurs, ou les chefs de ces hommes puissants, furent divinisés. Le
sens mystique de ce symbole aide à expliquer l'origine de l'histoire de Persée, fils
de Jupiter, né miraculeusement de Danaé, qui accomplit des faits merveilleux et
allait de lieu en lieu au moyen d'ailes qu'un dieu lui avait accordées. Ainsi
s'explique aussi le mythe de Bellérophon, ses exploits sur le coursier ailé, sa fin
déplorable, son élévation dans les airs, et sa chute terrible ; celui d'Icare, enfin,
fils de Dédale, qui s'envolant au dessus de la mer Icarienne au moyen des ailes
qu'il avait attachées à son corps avec de la cire, s'approcha trop du soleil, vit
fondre la cire, et tomba, dit-on, dans la mer à laquelle il donna son nom. Toutes
ces fables se rapportent à ceux qui ont marché, ou sont censés avoir marché sur
les traces de Nemrod, le seigneur des puissants, et qui sous ce caractère étaient
représentés avec des ailes.
Il est frappant de voir que dans ce passage d'Aristophane déjà indiqué, où il est
parlé d'oiseaux ou d'êtres ailés qui sont créés avant les dieux, on nous apprend
que celui dont les dieux et les puissants tiraient leur origine n'était autre que
l'enfant ailé Cupidon
Cupidon, fils de Vénus, occupait, comme on le verra
plus loin dans la mythologie mystique, la même place que Ninus ou Nin le fils,
par rapport à Rhéa, la mère des dieux. Comme Nemrod était incontestablement le
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