Page 49 - LES DEUX BABYLONES

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La première ville du monde après le déluge (à partir duquel
on datait souvent le commencement du monde lui-même) qui
eut des tours et une enceinte de murailles ce fut Babylone : et
Ovide lui-même nous dit que Sémiramis, la première reine de
cette cité, passe pour avoir entouré Babylone d'une muraille
de briques
Sémiramis donc, la première reine divinisée
de cette cité et de cette tour dont le sommet devait atteindre le
ciel, doit avoir été le prototype de cette déesse qui la première
transforma les tours en cités. Si nous considérons la Diane
d'Éphèse, nous trouvons une preuve qui tend au même but.
Diane était ordinairement représentée comme une vierge
protectrice de la virginité : mais la Diane d'Éphèse était
entièrement différente. On la représentait avec tous les
attributs de la Mère des dieux
et comme telle, elle
portait une couronne de tours, si bien qu'il est impossible de la
regarder sans se rappeler immédiatement la tour de Babel. Or,
cette Diane avec sa tour, un ancien scholiaste l'identifie
expressément avec Sémiramis
Quand donc on se souvient que Rhéa, ou
Cybèle, la déesse qui porte une tour, était en réalité une déesse Babylonienne
et que Sémiramis divinisée était adorée sous le nom de Rhéa, on n'aura plus
de doute, je pense, sur l'identité personnelle de la déesse des fortifications. Il n'y
a aucune raison de croire que Sémiramis seule (bien que quelques-uns l'aient
pensé) ait jeté les fondements de Babylone. D'après le témoignage formel d'un
ancien historien, Megasthenes, conservé par Abydenus, ce fut Belus qui entoura
Babylone de murailles
Bel, celui qui confond, ayant dû laisser inachevées la ville et la tour de Babel,
qu'il avait commencées, ce fait ne peut s'appliquer à lui. Cela ne peut s'appliquer
qu'à son fils Ninus, qui hérita du titre de son père, et qui fut le premier roi de
l'empire de Babylone, par conséquent, à Nemrod. La véritable raison, si
Sémiramis femme de Ninus eut la gloire de terminer les fortifications de
Babylone, c'est qu'elle parvint à occuper une position prépondérante dans
l'estime des anciens idolâtres, et parce qu'on lui attribua tous les différents
caractères qui avaient appartenu, ou qu'on suppose avoir appartenu à son mari.
Ayant donc déterminé l'un des caractères dans lesquels on adorait l'épouse
divinisée, nous pouvons en conclure quel était le caractère correspondant du mari
divinisé. Layard dit qu'il est convaincu que Rhéa ou Cybèle, la déesse couronnée
de tours, était précisément la contrepartie femelle du dieu qui présidait aux
Diane d'Éphèse
.