Page 27 - LES DEUX BABYLONES

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mais dans ce sens factice de chasteté que le paganisme a toujours aimé
"Êtes-vous pur de tout meurtre ?"
car celui qui même par accident s'était rendu
coupable de meurtre n'était pas admis avant d'avoir été lavé de son crime, et il y
avait des prêtres, appelés Koès qui étaient dans ce cas chargés de recevoir les
confessions et d'absoudre les coupables
La sévérité de ces questions du
confessionnal païen est évidemment impliquée dans certains poèmes licencieux
de Properce, Tibulle, Juvénal
Wilkinson dans son chapitre sur les
"jeûnes
privés et la pénitence"
, qui dit-il étaient strictement obligatoires, d'après des
règles fixes, pour des époques déterminées
cite des passages de plusieurs
auteurs qui montrent clairement où la papauté a pris ces questions qui ont
imprimé à son confessional un caractère d'obscénité, comme on le voit par
exemple dans les premières pages de Pater Deus. Pour justifier cette confession
auriculaire, on disait que les solennités auxquelles les initiés allaient être admis
étaient si grandes, si célestes, si saintes, que celui qui avait la conscience chargée
d'une faute, d'un péché qu'il n'avait point expié, ne pouvait absolument pas y être
admis. Aussi était-il indispensable, dans l'intérêt même de ceux qui voulaient se
faire initier, que le prêtre officiant sondât leur conscience de peur que s'ils
venaient sans s'être auparavant purifiés de leurs fautes, la colère des dieux ne fût
excitée contre les profanes intrus. Tel était le prétexte ; mais aujourd'hui que
nous connaissons le caractère essentiellement impur de leurs dieux et de leur
culte, qui ne voit que ce n'était là qu'un prétexte ; que leur but principal, en
demandant aux candidats de confesser leurs fautes secrètes, leurs faiblesses et
leurs péchés, était de les mettre entièrement à la merci de ceux auxquels ils
confiaient les plus intimes pensées de leur âme, et leurs secrets les plus
importants ?
Or, c'est exactement de la même manière et pour les mêmes raisons que Rome a
institué le confessionnal. Au lieu de demander aux prêtres et aux fidèles selon
l'Écriture de
"confesser leurs fautes les uns aux autres"
, lorsque l'un a fait du tort
à l'autre, elle oblige tous les hommes, sous peine de perdition, à se confesser aux
prêtres
qu'ils les aient ou non offensés, tandis que le prêtre n'est nullement
obligé de se confesser à son troupeau. Sans cette confession, dans l'Église
Romaine, on n'est point admis aux sacrements, pas plus qu'aux jours du
paganisme on ne pouvait être admis aux Mystères sans s'être confessé. Or, cette
confession est faite par chaque fidèle, dans le secret et la solitude, au prêtre
revêtu de l'autorité divine
siégeant au nom de Dieu, investi du pouvoir
d'examiner la conscience, de juger la vie, de condamner et d'absoudre à son gré
et selon son plaisir. Tel est le grand pivot sur lequel tourne tout le système