Page 173 - LES DEUX BABYLONES

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sacré, le feu. Dans les rites de Zoroastre, le grand dieu Chaldéen, le feu occupait
exactement la même place. C'était un principe essentiel de ce système que celui
qui s'approchait du feu recevait des lumières de la divinité
et que par le feu,
on se purifiait entièrement de toutes les souillures produites par l'enfantement
C'est pour cela qu'on faisait passer les enfants par le feu de Moloch
; on les arrachait ainsi au péché originel, et cette
purification rendait plus d'un nouveau-né victime de la divinité sanguinaire.
Parmi les païens de Rome on pratiquait aussi cette purification par le feu ; c'est
ce que confirme Ovide quand il nous dit :
"Le feu purifia le berger et le troupeau
"
– Chez les Hindous, on adorait depuis longtemps le feu à cause de ses
vertus purificatrices. Voici comment Colebroke dépeint la supplication d'un de
ces adorateurs du feu d'après les livres sacrés :
"Salut ! (Ô feu) toi qui t'empares
des sacrifices, toi qui brilles, toi qui scintilles ! Puisse ta flamme d'heureux
présage consumer nos ennemis ; puisses-tu, toi le purificateur, nous être
favorable
!"
Il en est qui gardent un feu continuel et lui font chaque jour
leurs dévotions, et en terminant leurs serments à leur dieu, lui présentent ainsi
leur prière quotidienne :
"Ô feu ! tu expies le péché contre les dieux, puisse cette
offrande t'être agréable ! Tu expies un péché contre l'homme ; tu expies un péché
contre les mânes ; tu expies un péché contre ma propre âme ; tu expies les
péchés renouvelés, tu expies tous les péchés que je puis avoir commis
volontairement ou involontairement ; puisse cette offrande être salutaire
!"
– Chez les Druides, le feu était aussi considéré comme un purificateur. Voici ce
que dit une chanson druidique :
"Ils célébraient les louanges des saints devant le
feu purificateur, que l'on faisait monter vers les cieux
"
Si du temps des
Druides, on attendait des bénédictions du feu qu'on allumait, et parce qu'on y
faisait passer des jeunes gens ou des vieillards, des créatures humaines ou du
bétail, c'était simplement parce qu'on croyait purifier ainsi des souillures du
péché inhérent à tous les êtres humains et à tout ce qui les touchait de près. Il est
évident que la même vertu purificatrice est attribuée au feu par les catholiques
romains d'Irlande si zélés pour faire passer leurs enfants et pour passer eux-
mêmes à travers les feux de Saint-Jean
Toland affirme que ces feux sont
allumés comme pour une lustration : et tous ceux qui ont examiné attentivement
ce sujet doivent arriver à la même conclusion.