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Or, si Tammuz était, comme nous l'avons vu, le même que Zoroastre, le dieu des
anciens adorateur du feu, et si la fête de ce dieu à Babylone correspondait si
exactement à la fête de la nativité de Saint-Jean, quoi d'étonnant que cette fête
soit encore célébrée par les feux éclatants de Baal, et qu'elle présente une image
si fidèle de ce que Jéhovah condamnait autrefois chez son ancien peuple
"quand
il faisait passer ses enfants par le feu de Moloch"
? Mais quel homme, s'il
connaît un peu l'Évangile, pourrait appeler chrétienne une fête semblable ?
Les prêtres de Rome, s'ils ne l'enseignent pas ouvertement, trompent du moins
leurs sectateurs en leur laissant croire aussi fermement que les anciens adorateurs
du feu, que le feu peut purifier des souillures et des fautes du péché. Nous
verrons plus loin combien cette erreur tend à consolider, dans l'esprit de leurs
sujets tenus dans les ténèbres, l'une des fables les plus monstrueuses, mais aussi
la plus utile, de tout leur système. Les initiés seuls pouvaient savoir que le nom
de Oannes était celui du Messie païen ; il fallut tout d'abord quelque prudence
pour l'introduire dans l'Église. Mais peu à peu, et à mesure que l'Évangile
s'obscurcissait et que les ténèbres devenaient de plus en plus épaisses, la même
prudence ne fut plus nécessaire. Aussi voyons-nous que dans les époques
d'ignorance, le Messie païen ne fut pas introduit dans l'Église d'une manière
clandestine. C'est sous les noms classiques bien connus de Bacchus et de Denys
qu'il a été ouvertement canonisé et proposé au culte des fidèles. Oui, Rome qui
prétend être l'épouse du Christ, la seule Église dans laquelle on puisse être sauvé,
a eu l'impudente audace de donner une place dans son calendrier au grand
adversaire du Fils de Dieu, et cela sous son propre nom ! Le lecteur n'a qu'à
consulter le calendrier romain, il verra que c'est là un fait incontestable : il verra
que le 7 octobre est mis à part pour être observé en l'honneur de Saint-Bacchus-
le-martyr. Or, sans doute, Bacchus fut un martyr ; il mourut d'une mort violente ;
il perdit sa vie pour la cause de la religion ; mais la religion pour laquelle il
mourut était la religion des adorateurs du feu ; car il fut mis à mort, comme nous
l'avons vu dans Maimonide, pour avoir maintenu le culte de l'armée du ciel. Ce
patron de l'armée céleste et du culte du feu (les deux marchaient toujours
d'accord), Rome l'a canonisé ; il est évident en effet, si on considère l'époque de
cette fête, que Saint-Bacchus-le-martyr est absolument le Bacchus des païens, le
dieu de l'ivrognerie et de la débauche ; car le 7 octobre tombe bientôt après la fin