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d'Hérodote, identifie cette fête avec celle des lamentations sur Osiris, et nous
assure que l'accomplissement scrupuleux de cette cérémonie était réputé de la
plus haute importance pour l'honneur de la divinité.
Chez les Yezidis, ou adorateurs du diable, dans la Chaldée moderne, on célèbre
aujourd'hui encore la même fête, avec des rites presque semblables, autant que
les circonstances le permettent, à ceux d'il y a des milliers d'années, alors que
dans ces mêmes pays, le culte de Tammuz était dans toute sa gloire. Voici la
description exacte que donne M. Layard d'une de ces fêtes auxquelles il a
assisté :
"À la chute du crépuscule, les Fakirs, ou prêtres d'un ordre inférieur, vêtus de
vêtements bruns en drap grossier collant sur leurs membres, et coiffés de turbans
noirs, sortaient des tombeaux portant chacun d'une main une lumière et de
l'autre un vase contenant de l'huile et une mèche de coton. Ils remplissaient et
préparaient des lampes placées dans les niches des murs de la cour, parsemées
sur les édifices des bords de la vallée, même sur des rocs isolés et dans le creux
des arbres. Des étoiles innombrables semblaient briller sur le fond noir des
montagnes et dans les sombres profondeurs de la forêt. À mesure que les prêtres
s'avançaient à travers la foule pour achever leur ouvrage, les hommes et les
femmes mettaient la main droite à travers la flamme, et après s'être frotté le
sourcil droit avec la main ainsi purifiée dans l'élément sacré, la portaient
dévotement à leurs lèvres. D'autres portant leurs enfants dans les bras les
purifiaient de la même manière ; d'autres tendaient les mains pour se laisser
toucher par ceux qui, moins heureux, ne pouvaient atteindre la flamme. À mesure
que la nuit s'écoulait, ceux qui étaient réunis (il y avait alors près de cinq mille
personnes) allumaient des flambeaux qu'ils portaient avec eux en parcourant la
forêt. L'effet était magique ; les différents groupes se voyaient à peine dans
l'obscurité ; les hommes couraient ça et là ; des femmes étaient assises avec
leurs enfants sur les toits des maisons, et la foule s'assemblait autour des
colporteurs qui exposaient leurs marchandises dans la cour. Des milliers de
lumières se reflétaient dans les fontaines et dans les ruisseaux, brillaient à