Page 170 - LES DEUX BABYLONES

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précisément à la même époque. À l'approche de la mi-été, il y avait d'abord en
signe de deuil, un jeûne général qui durait trois jours ; on n'allumait aucun feu
dans les maisons ; puis le quatrième jour, le deuil se changeait en joie, lorsque
l'Inca et sa cour, suivis de toute la population de Cuzco, se réunissaient sur la
place publique pour fêter le soleil levant.
"Ils épiaient fiévreusement, dit
Prescott, l'apparition du dieu, et à peine les premiers rayons dorés avaient-ils
frappé les tours et les édifices les plus élevés de la capitale, qu'une acclamation
joyeuse s'échappait du milieu de la foule assemblée, accompagnée de chants de
triomphe et de la mélodie sauvage des instruments barbares, dont le bruit
redoublait à mesure que le globe lumineux s'élevait au-dessus des montagnes de
l'Orient, versant sur ses adorateurs son éclatante lumière
"
Cette alternative de deuil et de joie, au moment même où les Babyloniens se
lamentaient et se réjouissaient sur Tammuz, pouvait-elle être accidentelle ?
Comme Tammuz était la divinité incarnée du soleil, il est facile de voir à quel
point cette tristesse et cette joie se rapportent au culte de ce dieu. En Égypte, la
fête des lampes allumées, dans laquelle beaucoup ont été déjà forcés de
reconnaître la contrepartie de la fête de Saint-Jean, était ouvertement rattachée au
deuil et à la joie éprouvés au sujet d'Osiris.
"À Sais, dit Hérodote, on montre le
sépulcre de celui qu'il ne me paraît pas juste de mentionner à cette occasion."
C'est là la manière constante dont cet historien fait allusion à Osiris, aux
mystères duquel il avait été initié, lorsqu'il donne des détails sur quelqu'un des
rites de ce culte.
"Il est dans l'enceinte sacrée, derrière le temple de Minerve, et
près du mur du temple, dont il occupe toute la longueur
"
On s'assemblait
aussi à Sais, pour offrir des sacrifices pendant une certaine nuit où chacun allume
en plein air un grand nombre de lampes autour de sa maison. Les lampes sont de
petites coupes remplies de sel et d'huile, avec une mèche qui flotte au-dessus, et
qui brûle toute la nuit. Cette fête est appelée la fête des lampes allumées.
"Les
Égyptiens qui ne peuvent s'y rendre observent aussi la fête chez eux et allument
des lampes dans leur maison, de telle sorte que ce n'est pas seulement à Sais,
mais dans toute l'Égypte, qu'on fait ces mêmes illuminations. Ils disent que c'est
par une raison sacrée qu'ils célèbrent la fête pendant cette nuit, et qu'ils
l'entourent d'un semblable respect
"
Wilkinson
citant ce passage