Page 168 - LES DEUX BABYLONES

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penser et en le mettant dans la nécessité d'embrasser le royaume de Dieu qui ne
consiste pas dans les choses extérieures,
"mais dans la justice, la paix et la joie
par le Saint-Esprit"
. Nous avons vu que le spectacle même des rites par lesquels
on célèbre cette fête amena sur-le-champ l'auteur dont nous avons parlé à cette
conclusion, que ce qu'elle avait devant les yeux était vraiment un débris de
l'ancien culte païen de Baal. L'histoire de cette fête et la manière dont elle est
observée se prêtent une lumière réciproque. Avant l'introduction du christianisme
dans les îles Britanniques, la fête païenne du 24 juin était célébrée chez les
Druides par des feux éblouissants en l'honneur de leur grande divinité qui, nous
l'avons vu, était Baal.
"Ces feux et ces sacrifices de midsummer, la Mi-été, dit
Toland dans ses relations sur les Druides, étaient destinés à obtenir une
bénédiction des moissons de la terre, prêtes alors à être recueillies ; comme ceux
du premier jour de mai, afin qu'elles pussent croître et prospérer, tandis qu'au
dernier jour d'octobre, c'était des actions de grâces pour la fin de la récolte
"
Parlant de nouveau des feux des Druides au milieu de l'été, il continue ainsi :
"Pour en revenir à nos feux de Saint-Jean, c'était l'usage que le seigneur de
l'endroit ou son fils, ou quelque autre personne de distinction prît dans ses mains
les entrailles des animaux sacrifiés et marchât trois fois pieds nus sur les
charbons après l'extinction des flammes, portant ces entrailles au Druide qui,
recouvert d'une peau, officiait à l'autel. Si le seigneur sortait sain et sauf de
l'épreuve, c'était un bon présage qu'on accueillait par de grandes acclamations ;
mais s'il était blessé, c'en était un mauvais pour lui-même et pour les habitants
du village. Ainsi, dit Toland, j'ai vu en Irlande la foule courir et sauter dans les
feux de Saint-Jean ; et non seulement on était fier de les traverser sans blessure,
mais comme si c'était une espèce de purification, on se croyait en quelque sorte
béni par cette cérémonie, dont on ne connaissait point cependant l'origine dans
cette imparfaite reproduction
"
Nous avons déjà vu qu'il y a des raisons de conclure
que Phoronée le
premier mortel qui ait régné, c'est-à-dire Nemrod, et la déesse Romaine Feronia,
ont des rapports communs. Si on les rapproche des feux de Saint-Jean, ces
rapports sont encore mieux établis par les détails que l'antiquité nous fournit sur
ces deux divinités ; et en même temps s'explique l'origine de ces feux. Phoronée