Page 559 - LE MANUEL DE LA BIBLE
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Israël, ce n'a pas été par une vocation humaine, niais par une charge
spéciale et irrésistible de Dieu. Il rappelle ce fait, quand Amatsia, le
sacrificateur idolâtre de Béthel, le dénonce auprès de Jéroboam comme
conspirateur. Ses occupations antérieures et tout son genre de vie doivent
écarter l'idée qu'il ait jamais eu avec la famille de David des relations
politiques; il est un monument vivant de cette grâce souveraine de Dieu, qui
choisit ses ministres sous les tentes des bergers aussi bien que dans les
palais des rois, donnant à chacun les grâces et les qualités nécessaires pour
remplir les devoirs auxquels il est appelé; cf. 1 Cor., 1, 27, 29.
On voit par VII, 8; VIII, 1, 2, qu'Amos se donne comme l'auteur du livre qui
porte son nom. Son caractère prophétique est établi par le témoignage
d'Etienne, le premier martyr, par celui de Jacques et par l'accomplissement
de ses prophéties (Actes, VII, 42, 43; XV, 15-17). Son livre se trouve dans
tous les anciens catalogues des ouvrages inspirés (voyez 1re partie, § 50).
Son style est en général simple et sans figures, mais il ne manque pas de
beauté. Quelques images, empruntées à son genre de vie, sont originales et
pittoresques; elles ont la fraîcheur de la nature. Sa connaissance des
événements de l'antiquité (IX, 7), et d'autres événements plus récents, qui
ne sont rapportés nulle part ailleurs (VI, 2), la suite et l'enchaînement
régulier de ses pensées, la correction du langage, tout prouve que les graves
et quelquefois dangereuses (III, 12) fonctions de berger étaient encore aussi
favorables au développement intellectuel qu'aux jours de Moïse et de David.
Le peuple d'Israël se hâtait de combler la mesure de ses péchés. La mission
d'Amos était par conséquent aussi d'effrayer et de terrifier plutôt que de
consoler. Il leur reproche la corruption de leurs moeurs, suite naturelle de
leur prospérité; il reproche aux magistrats leur partialité, aux juges leurs
violences contre les chétifs; et il annonce, comme châtiment de Dieu, la
captivité des dix tribus dans une contrée étrangère, prédiction qui
s'accomplit soixante ans plus tard, quand Salmanéser, roi d'Assyrie, vint et
détruisit le royaume.

Les deux premiers chapitres contiennent l'annonce des jugements de Dieu:
d'abord contre les ennemis du peuple théocratique, puis (II, 4) contre les
deux nations hébreues elles-mêmes, jugements qui s'accomplirent par les
victoires de l'Assyrie et de Babylone. Le prophète met ensuite devant les
yeux des Ephraïmites le tableau de leurs péchés; il leur rappelle tout ce que
Dieu a fait pour les engager à revenir à lui, il leur montre encore une fois le
chemin de la conversion, et les châtiments qui les attendent s'ils
persévèrent dans leur endurcissement (III à VI). Au chapitre VII, le prophète
dénonce, dans une suite de visions symboliques, les malheurs qui vont

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