Page 10 - LA SEPTANTE MYTHIQUE
P. 10
vernaculaire (le plus souvent en araméen), parfois accompagnée d'un
commentaire et d'une prédication. Nombre de juifs qui ont migré en
Égypte ne connaissent plus l'hébreu et souhaitent lire leurs textes
sacrés dans leur langue quotidienne, l'araméen. Seul le grec peut
être une langue sacrée à côté de l'hébreu, tant est grand le prestige
des philosophies et sciences grecques. Une traduction unifiée a donc
été faite, très probablement à la demande du souverain lagide
Ptolémée II.
La Septante fut surtout un élément de sauvegarde, mais aussi
d'évolution, de l'identité juive dans la culture grecque. Ce double
aspect est mis en évidence par la célèbre allusion du Talmud: «On
raconte que cinq anciens traduisirent la Torah en grec pour le roi
Ptolémée, et ce jour fut aussi grave pour Israël que le jour du veau
d’or, car la Torah ne put être traduite convenablement. On raconte
également que le roi Ptolémée rassembla 72 anciens, il les plaça dans
72 maisons, sans leur révéler l’objet de ce rassemblement. Il vint voir
chacun et leur dit: “Écrivez-moi la Torah de Moïse votre maître”.
L’Omniprésent inspira chacun, et ils traduisirent de la même
manière.»
La traduction en grec se poursuit pendant deux ou trois siècles. Une
école de traducteurs s'est occupée du Livre des Psaumes à
Alexandrie vers 185 avant J.-C. et entreprennent ensuite le Livre
d'Ézéchiel, les douze « petits prophètes » et le Livre de Jérémie. Ils
traduisent enfin des livres historiques (Livre de Josué, Livre des
Juges, Livres des Rois) ainsi que le Livre d'Isaïe. Les derniers livres
8