Page 58 - La Guerre Sainte par John Bunyan
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aussi dénommé M. Conscience, et occupons-nous du seigneur Vo-
lonté, l'un des membres de l'ancienne noblesse de la grande ville de
l'Âme. Il était d'aussi haute naissance qu'aucun autre dans la Cité,
et homme libre autant et plus que ses concitoyens, ayant, si j'ai
bonne souvenance, des privilèges spéciaux attachés à sa personne.
Il était doué d'une très grande énergie, de beaucoup de décision et
de courage, de sorte que personne ne pouvait le réduire par la
force. Est-ce l'orgueil de son ancienneté, de sa puissance, de ses
privilèges, qui lui firent rejeter toute idée d'esclavage possible et
l'amenèrent à rechercher quelque charge, quelque emploi sous le
régime de Diabolus ? La chose est très probable. Il voulait être
quelqu'un dans la Cité; et une fois sa misérable résolution prise, il
ne perdit point de temps pour arriver à ses fins. Déjà, il avait été
l'un des premiers à se laisser gagner par le beau discours de Diabo-
lus et à conseiller qu'on lui ouvrît la porte. C'était là un service que
l'Usurpateur n'avait eu garde d'oublier et qui avait fait nommer aus-
sitôt M. Volonté à un emploi. Puis, discernant la valeur de son vas-
sal et la solidité de l'attachement de celui-ci, Diabolus résolut de
faire de lui l'un des grands auxquels il soumettait les affaires impor-
tantes de la Ville.
Il le fit donc appeler, lui exposa ce qu'il avait au cœur, et il n'eut
pas à faire de longs discours pour persuader son auditeur. M. Volon-
té avait été d'avis qu'on livrât la Cité à Diabolus, et maintenant il lui
plaisait de le servir. Ce que voyant, l'Usurpateur le nomma com-
mandant de la forteresse, gouverneur des remparts et gardien des
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