Page 57 - La Guerre Sainte par John Bunyan
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et de satisfactions que le paradis de Shaddaï. Grâce à moi, vous
avez un maximum de liberté. Vous étiez parqué; j'ai brisé vos bar-
rières plus de lois, plus de contrainte, plus de jugement pour vous
effrayer. Je ne demande compte à personne de ses actions, si ce
n'est au vieux fou (vous savez qui je désigne ainsi). De par moi,
chacun vit comme un prince, et comme bon lui semble. Je n'exerce
de contrôle sur personne et je n'admets pas davantage que per-
sonne en exerce sur moi. »
C'est avec des discours de ce genre que le misérable imposteur
calmait les remords de la Cité de l'Âme et excitait sa colère contre
M. Conscience. De sorte qu'à plusieurs reprises les citoyens songè-
rent à se défaire de leur Censeur en le tuant. Ils auraient voulu le
savoir très loin, à des milliers de kilomètres de leur ville; le souvenir
de ses paroles les affligeait, sa seule vue les emplissait d'effroi, bien
qu'il fût fort affaibli et dégénéré. Mais leurs vœux devaient rester
vains et leurs complots stériles, ce qui semblerait absolument in-
compréhensible sans la sagesse et la puissance infinies de Shaddaï,
qui avait décrété que le Seigneur Conscience subsisterait, et serait
son témoin parmi les hommes. La maison de M. l'Archiviste était
d'une solidité à toute épreuve et était appuyée à l'un des forts de la
ville; si la populace ou quelque misérable venaient dans quelque but
de meurtre, M. Conscience n'avait qu'à lever les écluses pour pro-
voquer une inondation et faire périr ses adversaires.
Mais laissons maintenant la personnalité du seigneur Archiviste,
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