Page 58 - LE POISON SUBTIL DE LA TOLERANCE

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de «fille aînée de l'Église» persécutrice pour la
destruction du protestantisme. La tolérance, en
effet, ne peut être mise en œuvre que par un
pouvoir défaillant ou par un vouloir négatif.
Tantôt le tolérant n'est pas en position de
pouvoir, tantôt il décide de ne pas profiter de
son pouvoir. Littré définit ainsi la tolérance
comme «condescendance, indulgence pour ce
qu'on ne peut pas ou ne veut pas empêcher»,
mais insiste aussitôt sur son sens religieux: la
tolérance
a
pour
premier
sens
la
«condescendance qu'on a les uns pour les autres
touchant certains points qui ne sont pas
regardés comme essentiels à la religion». Elle
conduit donc au partage entre l'intolérable,
rigoureusement défini dans le domaine du
primordial, et le tolérable, laissé indéterminé
comme appartenant à l'accessoire. Mais la
tolérance est, en un second sens, l'«admission
du principe qui oblige à ne pas persécuter ceux
qui ne pensent pas comme nous en matière de
religion». Elle ne renvoie plus alors au seul
tolérant qui a l'inestimable avantage d'établir