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limites et les contradictions du tolérantisme
universel, bref si elle débouchait sur
l'intolérantisme, ses dangers seraient peut-être
encore plus terribles que ceux du tolérantisme.
Car la tolérance peut bien ne constituer qu'un
pis-aller, ce pis-aller nous semble dans la
majorité des cas indispensable. Avouons
néanmoins qu'il est difficile d'éviter une certaine
irritation dès qu'on aborde les questions qu'elle
pose d'un point de vue spéculatif:
la tolérance
est un concept mi-chair, mi-poisson, ni
proprement philosophique, ni proprement
juridique,
un
concept
instable
et
contradictoire
. Située à mi-chemin entre le
renoncement à une hostilité qu'on aurait
pourtant la possibilité de manifester et une
forme de reconnaissance, la tolérance ne recèle-
t-elle pas une contradiction mortelle ?
Sa
fonction n'est-elle pas de permettre sa
suppression ?
Cela, soit dans la déclaration
d'hostilité, soit dans la reconnaissance d'un
droit. Aussi bien importe-t-il de dénoncer le
contresens selon lequel les philosophes du 18e