Page 364 - LE MANUEL DE LA BIBLE

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même esprit dont ils étaient animés, sans s'attacher aux détails de leur
conduite. Voici, par exemple, un principe général: les chrétiens doivent
s'entr'aider les uns les autres par amour; si donc une Eglise est dans
l'abondance, tandis qu'une autre est dans la disette, elle doit obéir au principe,
au commandement général en faisant des collectes pour ses frères pauvres,
comme le faisaient aussi les Eglises primitives (Actes, XI, 28-30. 1 Cor., XVI, 1).
Elles suivront l'exemple littéralement et tel qu'il est donné. Mais si, au nom de
l'exemple de la primitive Eglise, on veut nous obliger à nous laver les pieds les
uns aux autres, nous invoquerons le principe d'exception rappelé tout-à-
l'heure; les temps ne sont plus les mêmes, et ce qui à cette époque et sous ce
climat brûlant était une politesse ordinaire, souvent une affaire de nécessité,
serait chez nous une superfétation ridicule. Il en est de même du baiser de paix
ou du baiser de charité, qui était beaucoup plus dans les moeurs orientales
qu'il ne l'est en général chez certains peuples du continent, et l'on doit se
borner à recommander le principe de l'affection mutuelle, sans insister sur le
mode de sa manifestation. De même encore pour les repas de charité ou
agapes: nous n'avons aucune donnée certaine sur l'époque et la nature de leur
institution; ils étaient probablement une démonstration tout-à-fait spontanée
dans l'origine. Lorsqu'ils perdirent leur caractère et dégénérèrent en abus, les
apôtres n'hésitèrent pas à les condamner: ce sont des taches dans vos repas de
charité, dit Jude. Ils condamnèrent également les abus qui s'étaient introduits
dans la célébration de la cène; mais ils maintinrent l'institution. De semblables
fêtes chrétiennes peuvent être reproduites dans l'Eglise, si l'on pense qu'elles
servent à développer les sentiments dont elles sont l'expression, mais elles ne
sauraient
avoir
aucun
caractère
obligatoire.
S'agit-il au contraire de préceptes simplement positifs, la valeur de l'exemple
est nulle pour tout ce qui n'est que détails ou accessoires. On le comprendra
par un seul fait. Le souper du Seigneur a été célébré dans une chambre haute,
avec des pains sans levain, les convives assis ou couchés autour de la table, le
cinquième jour de la semaine, le soir. De ces cinq circonstances, trois sont
expressément indiquées; les deux autres ne sont pas douteuses, et néanmoins
il est évident pour chacun qu'elles n'ont aucune espèce d'importance et qu'on
ne saurait être tenu de suivre l'exemple apostolique jusque dans ces détails. -
Presque toutes les assemblées de croyants mentionnées dans le Nouveau-
Testament avaient lieu le premier jour de la semaine (Actes, XX, 7. 1 Cor., XI,
20). La plupart des prédications adressées aux Juifs et à ceux qui se
réunissaient avec eux avaient lieu le septième jour (Actes, XIII, 42; XVIII, 4;
XVI, 13). Vouloir se régler en cela sur la conduite des apôtres, sans tenir
compte de leurs motifs pour agir ainsi, serait confondre ce qui est essentiel
dans l'obéissance avec ce qui est purement accidentel. Les apôtres