toutes les espèces d'arbres et de plantes. Saint Basile: Le livre des Psaumes contient tout; il annonce les
choses futures par des oracles non équivoques; il rappelle l'histoire des temps passés; il sanctionne les lois
d'une vie sainte; il renferme les préceptes et les exhortations les plus admirables, et pour tout dire en un
mot, il abonde en toute bonne doctrine (bonæ omnis doctrinæ uberrimum quoddam est), rappelant et
développant avec un soin plein de grâce et d'intelligence tout ce qui peut le plus nous conduire au salut.
Luther, dans son langage si simple et si plein, appelle les Psaumes une petite Bible, un manuel, un abrégé
de tout ce qu'il y a de plus beau; et Calvin dit qu'ils sont comme une anatomie de toutes les parties de
l'âme, tellement qu'il n'est aucun de nos besoins auquel ils ne répondent, aucune de nos dispositions
intérieures qu'ils ne reflètent; de sorte que ce livre peut servir à l'étude de la plus belle et la plus difficile
de toutes les sciences, celle que Socrate résumait en ces mots: Connais-toi toi-même.
Les Psaumes ne sont pas tous du même auteur, quelque grande que soit à cet égard l'autorité de saint
Augustin, d'Aben Esra, d'Euthymius, qui les attribuent tous à David. David, l'homme qui composait les
doux cantiques d'Israël, 2 Samuel 23:1, en est, il est vrai, le principal auteur; c'est lui, dit Athanase, qui
reçut le premier le don de psalmodier à l'Esprit, d'écrire et de composer des psaumes; c'est encore lui qui
a composé le plus grand nombre de ceux qui se trouvent dans le recueil qui porte son nom, 2 Chroniques
7:6; 29:30; Amos 6:5: mais il ressort des inscriptions mêmes de plusieurs de ces psaumes, qu'ils ont été
écrits par d'autres que lui. Cinq auteurs sont nommés outre David. Le psaume 90 est de Moïse; le 127 de
Salomon; le 88 de Héman, Ezrahite, peut-être un petit-fils de Samuel, 1 Chroniques 6:33; 2 Chroniques
5:12; le 89 est d'Éthan, Ezrahite, et Asaph, un prophète, 1 Chroniques 25:2, a composé le psaume 50, et les
psaumes 73 à 83. On a discuté beaucoup sur le sens de la préposition hébraïque qui sert à désigner
l'auteur (le Lamed auctoris). On peut traduire en effet: psaume d'Asaph, ou psaume pour Asaph; mais
comme c'est la même formule ordinairement employée pour les psaumes de David, et que d'ailleurs on se
sert d'une autre tournure pour indiquer les cantiques destinés à Asaph, comme fait la tradition qui donne
les psaumes 96, 105 et 106 comme devant être chantés par Asaph, sans que les titres indiquent qu'ils
soient d'Asaph, on peut ne pas attacher une grande importance à cette controverse philologique. Les
noms de Jéduthun, et des trois fils de Coré (Asir, Éléanah, et Abiasaph) sont encore en tête de quelques
psaumes, non qu'ils en soient les auteurs, mais parce qu'ils devaient en être les chantres; c'est pour eux
que ces psaumes avaient été composés, comme d'autres le furent aussi pour le maître-chantre, c'est-à-dire
pour celui qui dirigeait dans le temple les chœurs des chantres lévites. Vingt-cinq psaumes environ sont
sans aucune inscription; on peut croire qu'ils sont de David, quoique saint Jérôme pense qu'ils
appartiennent plutôt au même auteur que celui ou ceux qui précèdent; d'autres, et spécialement les
commentateurs anglais, attribuent le psaume 44 à Ézéchias, le 102 à Daniel, le 1 et le 119 à Esdras, le 129 à
Néhémie, le 137 à Aggée ou à Zacharie, etc.; mais, non seulement ce n'est pas prouvé, c'est encore peu
probable.
Les Psaumes n'ont tous été, ni composés dans les mêmes circonstances, ni destinés au culte public.
Souvent le roi-prophète ne chante que ses propres impressions, celles du moment, l'effet que produit sur
lui la pensée de Dieu contemplé dans ses ouvrages, ou celle des dispensations de Dieu à l'égard de ses
enfants, et de ses ennemis; ailleurs il se réjouit dans l'attente d'un Sauveur, et dans la perspective du
règne messianique. Il a composé plusieurs de ses psaumes pendant son séjour à la cour de Saül, d'autres
pendant qu'.il fuyait devant ce roi qu'il avait déjà remplacé, d'autres à Hébron, d'autres à Jérusalem,
plusieurs pendant qu'il fuyait devant les troupes de son fils Absalon; quelques-uns de ses cantiques
appartiennent à la partie la plus agitée de sa carrière, d'autres ont été composés dans le calme et la
tranquillité d'un règne heureux; toute la vie de David est rappelée dans ses hymnes, et souvent cet
homme élu de Dieu, ce type de Jésus-Christ, parle de lui-même en termes qui annoncent un autre roi
d'Israël, un autre règne, un autre temps, et que le Saint-Esprit rapporte à celui qui devait venir de la tribu
de Juda et de la famille de Jessé; l'image et la réalité se confondent dans la perspective prophétique; les
douleurs et le triomphe de David disent les douleurs et le triomphe de Jésus.
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