Page 881 - Dictionnaire de la Bible de J.A. Bost 1849 - 2014

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vient enfin d'être découvert par un explorateur anglais du nom de W.H. Seton-Karr. En poursuivant un lion sur la
côte du Somali, en Afrique, le célèbre explorateur a pénétré dans un lieu qui correspond exactement à la description
de l'Éden donnée dans la Genèse. Mr. Seton-Karr est convaincu qu'il a trouvé le berceau de la race humaine. Un
groupe de rivières correspond aussi exactement à la description biblique. L'explorateur a trouvé au même endroit des
milliers d'instruments en pierre qu'il ne doute pas avoir été fabriqués par Adam lui-même... Pourrait-on appuyer de
quelque preuve solide une telle prétention? Nous croyons pour notre part, que c'est encore un cas de pure
excentricité". Le Paradis ou Jardin d’Éden n’est pas une localité géographique mais un état d’être, il symbolise en
effet l’Enclos de la Grâce divine dans laquelle fut le premier homme avant la chute.
Plusieurs systèmes ont été examinés à l'article Création, q.v., et l'auteur a développé le sien de manière à
ne laisser aucun doute dans l'esprit de ceux qui dans cette question consentiront à se décider, et à le faire
en rompant avec les traditions scientifiques du passé.
Dans le présent article, nous nous bornerons à exposer brièvement l'opinion généralement admise. Ce qui
a été dit aux articles spéciaux sur les quatre fleuves et sur les pays qu'ils parcourent, a déterminé en
quelque sorte la position du paradis. On ajoute:
1.
que Moïse ne nous présente pas une géographie mythique; il ne parle pas non plus, comme le
voudrait Leclerc, d'une contrée qu'il regarde comme perdue, ou qui ne puisse être retrouvée: il parle à ses
contemporains, et il veut leur faire connaître la contrée où a été le premier séjour des hommes
nouvellement créés; ainsi que le dit Calvin: Topographiam suam Moses ad suæ ætatis tractum
accommodavit; non seulement il indique des pays et des fleuves connus, l'Euphrate, l'Assyrie, mais à
mesure qu'il parle d'objets plus éloignés, il y ajoute plus d'attributs pour mieux caractériser la contrée.
2.
En suivant les indications que donne Moïse, l'Euphrate et le Tigre nous renvoient au plateau de
l'Arménie; c'est dans le voisinage du mont Ararat qu'ils prennent leur source, et c'est dans la même
contrée aussi que naît l'Araxe que l'on prend pour le Guihon, de même que le Phasis ou Pison. Ce pays
est très fertile, et riche sous tous les rapports; il y a plusieurs lacs entre les montagnes, des cimes
couvertes de neiges éternelles, des traces d'éruptions volcaniques. Cette manière de voir est entièrement
celle de Re-land et de Calmet, en grande partie celle de Jahn, Winer, etc.
3.
Si l'on demande maintenant où est ce pays d'Éden, où ce fleuve qui arrosait le jardin, où ce jardin
lui-même, où la source commune de ces quatre fleuves qui aujourd'hui sortent bien d'un même plateau,
mais non du même bassin, il faut répondre que ce sont précisément ces choses qui ont été détruites.
Moïse lui-même parle du chérubin qui défend l'entrée du paradis, il nous raconte le déluge qui a passé
par-dessus toutes les hauteurs de la terre; il n'a donc pas voulu nous dire que le pays puisse encore être
trouvé. Le paradis n'existe plus, les fleuves coulent encore. L'aveu que nous faisons pour l'ensemble de la
question, l'on est obligé de le faire au moins pour les détails, et l'on compromet ainsi ce qu'on avait cru
prouver d'abord.
4.
Parmi un grand nombre d'opinions sur la situation du paradis, dont la plupart ne méritent pas
d'être réfutées, nous mentionnerons cependant encore celle de Calvin, Grotius, Huet, Bochart, qui le
placent dans la Babylonie; les quatre fleuves sont alors le Tigre, l'Euphrate, et deux sources du Shat-al-
Arab.
Les auteurs arabes ont conservé en la modifiant la tradition biblique; leurs quatre fleuves sont le Tigre,
l'Euphrate, le Dschi-Houn (Oxus des anciens), et le Sinon (Iaxartes): ce sont les quatre plus grands de
l'Asie, l'Indus et le Gange exceptés.
— D'après le Zend Avesta le paradis, la pure Ivan, serait situé dans ce que nous appelons aujourd'hui
Érivan, où coulent encore les fleuves Khur et Arass: une partie de ce paradis, dans laquelle est né
Zoroastre, s'appelle Éden, qui signifie dans la langue pehlvi lieu de repos. Les Arméniens sont persuadés
que le paradis était situé près de l'Ararat, sinon même sur son penchant méridional, et le couvent
d'Etschmiatsim aurait été, selon quelques-uns, construit sur le lieu même de son emplacement.
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