Page 419 - Dictionnaire de la Bible de J.A. Bost 1849 - 2014

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et d'Ézéchias. Il paraît même, d'après 2 Chroniques 32:32, qu'il a survécu à ce dernier, et, selon une
tradition des Juifs et de l'ancienne Église chrétienne, if aurait vécu jusqu'à l'époque de Manassé, qui
l'aurait fait mettre à mort. Il aurait donc fourni une carrière prophétique de plus de soixante ans (mort
d'Hosias 759, avènement de Manassé 698 ou 97), et aurait atteint un âge fort avancé, au moins quatre-
vingt-dix ans; la tradition même lui en donne cent vingt, et porte qu'il aurait été scié en deux par les
ordres de Manassé; le passage Hébreux 11:37; semble se rapporter à cette tradition et la confirmer. Ésaïe
demeura toujours à Jérusalem, où il était marié, et où il avait au moins deux enfants, Ésaïe 7:3; 8:3-4.Il est
encore nommé comme auteur de deux ouvrages historiques, l'un sur Hozias, l'autre sur Ézéchias, 2
Chroniques 26:22; 32:32.
La mission de ce prophète s'explique par l'histoire des règnes sous lesquels il vécut. Il devait surtout
combattre le formalisme et l'hypocrisie, insister sur le sens spirituel de la loi, annoncer les terribles
jugements que le peuple s'attirerait par son impénitence; mais aussi consoler et encourager le résidu
fidèle par les promesses d'un meilleur avenir, et tout particulièrement diriger leurs regards vers le
Sauveur qu'il annonce à la fois comme docteur, comme victime expiatoire, et comme roi. Ses prédictions
messianiques ont une si grande clarté qu'on a nommé quelquefois ce livre un cinquième Évangile; le
Nouveau Testament l'appelle le prophète par excellence (à δ προφήτης), et le cite très souvent. Et déjà
chez les Juifs il jouissait d'un grand crédit; les prophètes suivants, en particulier Jérémie, s'appuient
constamment sur lui.
Voici un sommaire de son contenu:
Ch. 1-12; prophéties contre Juda.
Ch. 13-23; prophéties contre des peu-pies étrangers, à l'exception du chapitre 22.
Ch. 24-35; prophéties contre Juda (promulguées probablement du temps d'Ézéchias).
Ch. 36-39; narration des principaux événements du règne d'Ézéchias, presque identique avec 2 Rois 18-20.
Ch. 40-66. Cette seconde partie du livre a été probablement composée vers la fin de la carrière d'Ésaïe,
sous le règne de Manassé. Le prophète se transporte par la pensée jusqu'aux temps de l'exil; et sur ce
terrain idéal il annonce la délivrance de la captivité de Babylone, et désigne même deux siècles d'avance,
par son nom, le prince qui en sera l'instrument. Mais en même temps il porte ses regards sur une
délivrance bien plus importante encore, sur la rédemption spirituelle, sur lé Messie; et, par cela même
qu'ils sont très analogues, ces deux sujets apparaissent tour à tour sur le premier plan, ou semblent
quelquefois se confondre l'un avec l'autre.
L'authenticité de cette dernière partie a été fortement attaquée par les rationalistes, qui sentaient combien
des prophéties aussi claires, aussi détaillées, pouvaient fournir d'armes contre eux. Ils ont présenté leurs
doutes sous différentes formes. L'hypothèse qui paraît réunir le plus d'opinions est celle de De Wette et
de Gesenius, qui pensent que ces vingt-sept derniers chapitres ont été composés du temps de l'exil. Mais
ce système a été abondamment réfuté par Jahn, Mœller Kleinert, Hengstenberg (Christologie),
Hævernick, etc.
Contre l'authenticité on allègue:
1.
que l'auteur semble avoir vécu dans le temps de la captivité, puisqu'il la suppose constamment;
pour lui Jérusalem est détruite, la Judée désolée, le peuple de Dieu rejeté. Mais il est très ordinaire que les
prophètes se transportent dans l'avenir et le décrivent comme s'ils l'avaient sous les yeux. C'est ce que
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