Un passage assez obscur, relatif à ce sujet, et qui est, selon nous, généralement mal traduit, est celui où
saint Pierre dit que le baptême qui nous sauve n'est pas celui par lequel sont nettoyées les impuretés de la
chair, 1 Pierre 3:21. On ajoute ensuite: «Mais c'est la promesse faite à Dieu d'une conscience pure» (ou
quelque autre version semblable). Il faut traduire: Mais c'est la recherche que fait de Dieu une conscience
pure.»
Le baptême n'est qu'un symbole, mais ce serait se tromper grandement que d'en conclure qu'il peut être
négligé ou aboli, comme chez les quakers, par exemple. Les symboles sont une des choses qui ont les
racines les plus profondes dans la nature humaine; le peuple est plein de cette idée. Des barbares font un
pacte, et ils élèvent une pierre sur le lieu de la transaction, «afin qu'elle soit témoin de leurs promesses.»
Un juge prononce une sentence de mort, il brise un bâton en la prononçant; tous les assistants frémissent.
Un manœuvre revêt l'uniforme, c'est un homme nouveau. Un prêtre romain élève son idole, et chacun
peut apercevoir le frémissement qui parcourt l'église au moment où la foule adore, sans s'en douter, le
Numen..., Satan, qui s'est mis sous le symbole à la place de Dieu!
Les symboles, la représentation des choses spirituelles par des objets ou des actes matériels, se retrouvent
dans l'Écriture, comme ils se trouvent dans la nature. Ils sont un besoin, et souvent un moyen, un secours,
une obligation; ils sont aussi une profession, un acte public, et c'est dans ce sens, mais dans ce sens
seulement, que Jésus parlant à Nicodème, Jean 3:3, met le baptême d'eau sur la même ligne que le
baptême d'esprit.
(Spécifions que le discours de Jésus avec Nicodème ne mentionne aucunement le baptême d'eau, mais la régénération
d'en haut ou nouvelle naissance. Dans ces passages le mot eau détient un sens figuratif et se rapporte à la Parole et à
l'Esprit. Il faut remarquer que les symboles étaient utilisés uniquement sous l'Ancienne Alliance et ne sont plus
d'utilité sous la Nouvelle Alliance de liberté du sang de Christ versé sur la croix. Sous l'Ancienne Alliance les
symboles faisaient partie des ordonnances qui furent abolies par le sacrifice de Christ - Col. 2:14.)
La controverse relative au baptême des adultes, toujours fort vive en Angleterre, aux États-Unis et aux
Indes Orientales, n'a jeté qu'une lueur fugitive sur le continent, où des questions malheureusement bien
plus graves, ont dû forcément accaparer et absorber l'attention des chrétiens. C'est à Genève, en 1825, que
cette question a été le plus chaudement discutée (la Famille Baptiste, la Famille Baptisée, etc.); dès lors les
baptistes suisses, tout en conservant leurs principes, se sont fondus dans les troupeaux déjà existants;
quelques Églises pédobaptistes ont même pris des mesures spéciales, destinées à faciliter aux baptistes
leur admission sans gêner en rien leur conscience. Parmi les rares ouvrages publiés en France en faveur
du baptême exclusif des adultes, nous citerons, comme complet et curieux, le Catéchisme du Baptême
d'après les saintes Écritures et un grand nombre d'auteurs pédobaptistes (Douai 1843), Des rapports entre
le Baptême et la Cène (1849), Recherches sur le Baptême, par J.-B. Crétin.
Au reste, la question de fond ne peut sérieusement souffrir de difficultés; le baptême des petits enfants est
la conséquence logique du système des Églises nationales; le baptême des adultes, des adhérents, des
professants, est la conséquence logique du système des Églises de professants, quelque nom qu'on leur
donne d'ailleurs, Églises indépendantes, libres, dissidentes ou autres. L'Église primitive baptisait ceux qui
croyaient, parce qu'alors, l'accession à l'Église était un fait individuel et volontaire; si l'on fait de l'Église,
en dénaturant la notion, un établissement d'évangélisation et d'appel, point de vue qui peut se soutenir
par des raisons spirituelles et morales plutôt que scripturaires et ecclésiastiques, le baptême des enfants
est justifié; les baptisés sont les appelés; mais si l'Église ne comprend que les adhérents ou les élus, le
baptême n'appartient plus qu'aux adultes. L'honorable B. Noël, en quittant l'Église anglicane, s'est fait
rebaptiser; il a été plus logique dans sa conduite que ceux qui l'ont précédé ou suivi en Suisse, en Écosse
et en France; il n'a pas quitté un nationalisme pour un autre.
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