Page 1174 - Dictionnaire de la Bible de J.A. Bost 1849 - 2014

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magnifique, celui qui se déchira à la mort du Sauveur, Matthieu 27:51, (les rabbins disent deux rideaux
éloignés d'une coudée l'un de l'autre) conduisait au lieu très saint, qui était vide, l'arche ayant disparu
lors de la captivité de Babylone; au dire des Juifs, une pierre massive en occupait la place. Le saint des
saints avait 20 coudées de long, 20 de large et 60 de haut. Le toit était probablement plat, quoique Flavius
Josèphe n'en dise rien, et que De Wette pense le contraire. Il était garni de flèches d'or ou dorées (d'une
coudée de haut), qui devaient empêcher les oiseaux de s'y établir, et qui purent aussi faire l'effet de
paratonnerres à l'insu de ceux qui les avaient imaginées. L'espace compris entre le toit et la hauteur du
temple était occupé par des appartements et des chambres pour les prêtres, les provisions et les vaisseaux
du temple. De même que l'intérieur, l'extérieur du bâtiment était couvert d'or, et brillait au soleil du plus
vif éclat; tout ce qui n'était pas dorure était marbre, et ces énormes blocs d'une blancheur éclatante
donnaient de loin au temple l'apparence d'un monticule couvert de neige.
Ce temple, dans les parvis duquel notre Seigneur se promenait ordinairement pendant ses séjours à
Jérusalem, et où il prononça quelques-uns de ses plus beaux discours aux nombreux rassemblements de
peuple qui s'y formaient naturellement chaque jour, était en contact immédiat avec la basse ville, et il se
reliait à la haute ville bâtie sur Sion, au moyen d'un pont à plusieurs arches. Il était lui-même dominé par
le fort Antonia, qu'Hé-rode fit construire au commencement de son règne, à l'extrémité nord-ouest de la
montagne du temple, et qui communiquait avec ce bâtiment par le moyen de souterrains inconnus. De
l'une des tours de la forteresse on pouvait voir tout ce qui se passait dans le temple, et une garnison
romaine l'occupait habituellement, pour comprimer de là toute espèce de tentative que pourraient faire
les Juifs pour procurer leur émancipation. Plusieurs mouvements eurent lieu en effet, mais ils restèrent
infructueux et ne produisirent que des dévastations partielles. Le lieu saint resta intact sous Hérode et
sous ses fils; on songeait même, sous Hérode Agrippa II, à reprendre quelques réparations; mais le
dernier soulèvement qui eut lieu, et la manière dont les Romains s'en rendirent maîtres, rendirent inutile
ce projet; la dernière heure avait sonné. Des troupes juives furent caser-nées dans les parvis du temple, et
leurs armes furent suspendues aux portes mêmes du saint lieu; c'était là le dernier boulevard de
l'indépendance nationale. Les Romains (l'an 70), sous Titus, s'y précipitèrent du fort Antonia; les Juifs, au
désespoir, mirent le feu au parvis; un soldat romain jeta un tison ardent contre les bâtiments qui tenaient
au temple vers le nord; la flamme s'élança, Titus essaya en vain d'arrêter les progrès de l'incendie, et tout
fut dit. Les vainqueurs n'eurent plus qu'à réunir sur un char de triomphe, les débris qu'ils purent arracher
à l'incendie, la table des pains de proposition, le chandelier d'or, le livre de la loi, et deux trompettes; ces
insignes de la victoire furent plus tard représentés en relief sous la voûte de l'arc de Titus, et l'on en
possède plusieurs copies.
Les fondements du temple avaient été épargnés; quelques murailles sans doute restaient encore debout,
et pouvaient servir de centre de ralliement aux Juifs fanatisés. Adrien (136), en élevant sur la place de
l'ancienne Jérusalem la ville nouvelle d'Ælia Capitolina, construisit un temple de Jupiter sur la place et
avec les débris du temple de l'Éternel, et interdit aux Juifs l'entrée de la ville. Quelques tentatives
malheureuses de ces derniers méritent à peine d'être mentionnées, et lorsque Julien, en 368, voulut
essayer lui-même cette œuvre d'hostilité contre Dieu, des flammes sorties des fondements découverts, le
forcèrent d'abandonner cette entreprise. Aujourd'hui c'est une mosquée magnifique, l'une des trois plus
belles des mahométans, qui s'élève au sommet de la ville sainte; elle fut construite en 636 par le calife
Omar, avec les débris d'une église chrétienne.
Quant au sicle du sanctuaire,
— Voir: Impôt, et Sicle.
La perception de cet impôt était proclamée le 1er adar; les bureaux des changeurs s'ouvraient le 15 dans
les provinces, et le 25 à Jérusalem. Il fallait en effet que les Juifs sujets à l'impôt, pussent se procurer au
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