Page 1167 - Dictionnaire de la Bible de J.A. Bost 1849 - 2014

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subsista soixante-dix-sept ans, jusqu'en l'an 73 de Jésus-Christ; Flavius Josèphe en a laissé une description
détaillée.
On connaît les nombreux essais que l'on a faits pour reconstruire, au moyen des indications que nous ont
données les historiens sacrés et Flavius Josèphe, le plan du célèbre temple de Jérusalem; on connaît les
travaux du doyen Prideaux, et les trois in-folio du savant jésuite Villalpande (mort le 22 mai 1608) sur ce
sujet; il est peu d'auteurs qui n'aient essayé de jeter quelques lumières sur ce point enveloppé de tant
d'obscurités, et avec les mêmes données on est arrivé aux résultats les plus différents: soit parce que
l'imagination a dû suppléer à plusieurs lacunes, et que chacun s'est cru libre d'imaginer quelque chose de
neuf (Villalpande surtout s'est distingué à cet égard comme inventeur et comme architecte); soit parce
que l'on n'a pas suffisamment distingué, non seulement les trois temples différents, mais encore les
restaurations successives de chacun d'eux; soit enfin parce qu'on a voulu donner à la vision d'Ézéchiel
une valeur matérielle et monumentale que la simple lecture de ces huit ou neuf chapitres condamne et
réfute cependant de la manière la plus péremptoire; nous reviendrons plus loin sur le caractère de cette
vision; pour le moment, nous nous bornerons à rassembler les détails historiques qui peuvent servir de
guide pour la construction du plan de ces trois temples.
TEMPLE DE SALOMON.
Il s'élevait sur le haut de la colline de Morija, 2 Chroniques 3:1: cela n'est dit expressément que dans ce
seul passage, tandis qu'en plusieurs autres il est parlé, mais d'une manière, ou vague, ou poétique, du
mont de Sion comme étant la montagne de l'Éternel; le passage cité est, dans tous les cas, formel, et il a
pour but spécial de désigner l'emplacement. Vu la grandeur du temple et de ses abords, il fallut
commencer par déblayer et niveler le terrain; lorsqu'on eut ainsi créé sur le sommet de la montagne une
plaine artificielle, on dut, pour la maintenir et la rendre capable de supporter le poids énorme dont elle
devait être chargée, l'entourer d'épaisses murailles de revêtement, faites avec les pierres de taille que l'on
trouvait en abondance dans la vallée; ces travaux furent surtout importants sur le côté oriental; Flavius
Josèphe dit même que Salomon ne fit fortifier ainsi que le flanc est de Morija, et que les autres côtés ne
furent construits qu'au fur et à mesure que le besoin s'en fit sentir, Guerre des Juifs 5, 5, 1; mais dans un
autre passage il attribue tous ces travaux à Salomon, Antiquités Judaïques 15, 11, 3. L'Écriture se tait
entièrement sur ce point.
Les chapitres qui seuls renferment une description proprement dite du temple, quoiqu'on trouve ailleurs
encore quelques détails épars, sont: 1 Rois 6 et 7; 2 Chroniques 3 et 4. Ces chapitres disent fort peu de
chose sur le plan général; ils s'attachent en revanche beaucoup à décrire certains détails, et varient ou se
contredisent sur le chiffre de quelques dimensions, erreurs qui s'expliquent aisément par la méthode
défectueuse de la numération écrite chez les Hébreux,
— Voir: Nombres;
les deux relations renferment beaucoup de termes obscurs, beaucoup de lacunes; et celle des Chroniques,
en outre, en qualité de relation postérieure, et peut-être aussi de relation sacerdotale, contient des détails
étrangers à la première, et fait mention d'ornements et de dorures qui n'appartenaient peut-être pas aux
premières années de l'existence du temple, mais qui y furent ajoutés plus tard par la piété des fidèles, ou
par la libéralité des rois qui, appelés à restaurer un édifice pillé à diverses reprises, ne se bornèrent pas à
ramener les choses dans leur ancien état, mais profitèrent de l'occasion pour faire mieux. L'historien
Flavius Josèphe, qui a ajouté à la description biblique des détails nouveaux, quoiqu'il n'eût pas plus que
nous le temple de Salomon sous les yeux, Antiquités Judaïques 8, 3, est souvent en contradiction avec la
Bible; et lorsqu'il en supplée les lacunes, il parait le faire par de simples conjectures architectoniques, ou
en puisant ses renseignements dans Ézéchiel, ce qui ôte à son travail descriptif une partie de sa valeur.
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