longue, le noyau d'une grande monarchie, qui reçut le nom des Séleucides ses maîtres, et eut Antioche
pour capitale. Les puissants et rapides progrès de ce royaume (qui ne tarda pas à former des relations
avec la Judée), et les premiers symptômes de sa décadence, sont compris entre Séleucus, son fondateur, et
Antiochus III, dit le Grand (301-187 avant J.-C.). Antiochus II avait déjà perdu les Parthes (256), qui
s'étaient constitués en un royaume séparé; Antiochus III, après avoir donné la Palestine et la Cœlésyrie en
dot à sa fille Cléopâtre, épouse de Ptolémée V roi d'Égypte, succomba dans la bataille de Magnésie (189),
sous les armes romaines qu'il avait inconsidérément provoquées, et dut abandonner toutes les provinces
situées en deçà du Taurus. Un grand nombre de Juifs s'étaient déjà établis en Syrie, notamment à
Antioche, où ils éprouvèrent, comme en Palestine, la protection des maîtres du pays.
La seconde période de l'histoire de ce royaume va de Séleucus Philopator à Démétrius Soter (187-151): la
Cœlésyrie et la Palestine sont de nouveau provinces syriennes; le cruel Antiochus Épiphanes (175)
opprime les Juifs, et les pousse à cette résistance désespérée dont les Apocryphes ont essayé d'esquisser le
tableau. La guerre de succession qui commence à sa mort, finit par assurer la victoire aux patriotes juifs,
qui érigent leur pays en une principauté libre, 1 Maccabées 13. Les rois de Syrie la flattent et cherchent à
se la rendre favorable. L'influence croissante de la politique romaine, des luttes intérieures sans cesse
renouvelées, la couronne toujours disputée, toujours des prétendants en présence pour recueillir la
couronne au moment où elle tombera, des conflits continuels et sans résultats avec l'Égypte, tels sont les
traits principaux qui caractérisent cette période de la domination séleucide. Le royaume marchait à sa
ruine, mais son agonie fut longue.
La troisième période, depuis 151, nous montre dans un jour plus vif encore ces déchirements intérieurs,
cette agonie politique; aucun roi qui n'ait son compétiteur, et souvent des prétendants divers, ayant
chacun leurs partisans, occupent des lambeaux de territoire, et se livrent des guerres d'escarmouches; le
pays s'affaiblit, et la Judée y trouve son compte, Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques 13, 11; 3. Las enfin
de toutes ces dissensions, le peuple appelle à son secours Tigrane d'Arménie, qui monte sur le trône,
règne quatorze (ou dix-huit) ans, s'embarrasse dans une guerre avec les Romains, et doit abandonner la
Syrie à ses vainqueurs; Pompée déclare le pays une province romaine, 64 ou 63 avant J.-C. Les
proconsuls, gouverneurs de la Syrie, intervinrent dès lors assez fréquemment dans les affaires de la
Palestine, et surtout dans celles de la dynastie régnante de Judée. La Palestine eut beaucoup à souffrir des
guerres qui se livraient ainsi dans son voisinage avec tant de chances diverses, et ce fut presque un
bonheur pour ce pauvre pays qu'Hérode le Grand, protégé par Auguste, pût occuper le trône en paix,
pendant un certain temps, et libre de toute dépendance à l'égard des provinces voisines (37-4 avant J.-C.).
Mais, peu après sa mort, 6 ans avant J.-C., la Judée et la Samarie furent formellement annexées à la Syrie,
et des procurateurs romains, sous la direction des proconsuls de la Syrie, furent chargés de
l'administration dans ces fragments de province. La Batanée, la Gaulonite et la Trachonite subirent le
même sort, l'an 33. Hérode Agrippa, par une faveur spéciale de Caligula et de Claude, réunit pendant
quelque temps, sous son sceptre, tout le pays qui avait appartenu à Hérode le Grand; mais, déjà en 44, la
Judée vit recommencer le régime des procurateurs et de leurs concussions, qui dura jusqu'à la tin du
siècle, sauf pour quelques parties de la Palestine transjourdaine, qui furent données à Hérode Agrippa II
(52-99).
Les dialectes parlés en Syrie, le syrien ou syriaque, le syrocaldéen, le samaritain et le phénicien, avaient
beaucoup de rapports entre eux, et appartenaient à la famille sémitique. Le syriaque lui-même, une
branche de l'araméen, était parlé dans la Syrie proprement dite et dans la Mésopotamie; le grec cependant
prévalut à la cour des Séleucides et dans les villes les plus importantes, de sorte que plusieurs termes
grecs, et même des tournures de phrases, s'introduisirent dans la langue syriaque, comme précédemment
sous la domination perse des mots persans y avaient également pénétré. Le syriaque est maintenant une
langue morte, car on ne saurait accorder une grande créance aux récits de quelques voyageurs
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