Page 843 - Dictionnaire de la Bible J.A. Bost

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1.
Son nom lui fut donné, parce que, dit son père, «celui-ci nous soulagera de notre œuvre et du
travail de nos mains sur la terre que l'Éternel a maudite.» Lémec exprime ici une espérance qui se
rapporte aux promesses faites par Dieu après la chute de l'homme. C'est une des premières traces de
l'espérance messianique. Lémec voyait que le péché était arrivé à son comble, et que le jugement ne
pouvait guère se faire attendre: il prévoyait que son fils serait un instrument remarquable dans la main
de Dieu, et il paraît que lui aussi, comme tant d'autres, a rapproché dans la perspective prophétique des
faits qui sont séparés par des siècles, le jugement prochain et le dernier jugement. 5:29.
2.
On a remarqué l'emploi alternatif du nom de Dieu, et de celui d'Éternel, et l'on a cru pouvoir en
conclure que l'histoire de Noé était un composé de deux documents distincts, dont l'un, (celui d'Éternel),
serait exclusivement israélitique; on ajoute que c'est dans celui-là seulement que se trouve la distinction
établie plus tard par le mosaïsme, des bêtes nettes et des bêtes impures. Nous renvoyons à ce que nous
avons dit sur ce sujet à l'article Genèse. Quant à la distinction des animaux nous croyons avec plusieurs
auteurs, qu'elle n'est point ici légale, mais naturelle, et que Noé a pris sept paires des animaux qui sont
utiles à l'homme, tels que le bœuf, la brebis, le chameau, tandis qu'il n'en a pris qu'une des animaux
sauvages ou féroces, le tigre, le lion, le serpent, etc. On comprend qu'avec le droit nouveau donné à
l'homme de se nourrir de chair, il était nécessaire qu'il eût à sa disposition des animaux purs en nombre
suffisant, car leur propagation eût été trop lente pour les besoins du nouveau monde. Et quant aux
carnivores, il suffisait qu'ils pussent se reproduire, et le genre même de leur nourriture exigeait qu'ils ne
fussent pas trop nombreux dès l'abord.
3.
Le déluge a commencé l'an 600 de la vie de Noé, au dix-septième jour du deuxième mois; les eaux
s'accrurent pendant quarante jours; après ce temps elles commencèrent à se retirer et l'arche s'arrêta sur la
crête de l'Ararat; le déluge avait duré jusque-là cinq mois ou cent-cinquante jours; ce fut le dix-septième
jour du septième mois. En l'an 601 de la vie de Noé, le premier jour du premier mois les eaux avaient
disparu, mais ce ne fut que le vingt-septième jour du deuxième mois que Noé sortit de l'arche. Les
meilleurs chronologistes sont de l'avis qu'il faut commencer par l'équinoxe d'automne l'année dont il est
question dans notre texte; l'an 600 de la vie de Noé aurait ainsi commencé vers l'équinoxe d'automne, l'an
1656 du monde.
4.
L'histoire de Noé s'est conservée dans les traditions de tous les pays et même chez les sauvages
des Antilles et de l'Amérique du nord. On a retrouvé quelques médailles frappées à Apamée en Phrygie,
où l'on croyait que l'arche s'était arrêtée; elles portent sur une des faces l'effigie soit de l'empereur
Philippe, soit de Septime Sévère Pertinax, et sur l'autre revers une arche flottante, un vaisseau carré long,
dans lequel sont un homme et une femme; sur l'arche est un oiseau; un autre oiseau s'avance en volant,
tenant entre ses pattes une branche d'olivier; sur l'arche on lit distinctement le nom de No ou Noé; près
de là ce même couple apparaît debout sur la terre ferme, élevant la main droite vers les cieux. Le seul
exposé des traditions du déluge chez les Mahométans, les lndous, les Chinois, etc, formerait un volume;
qu'il suffise de répéter que partout ce fait est conservé, et qu'il est rare que ce soit avec des détails
beaucoup différents de ceux que la parole de Dieu nous a transmis. Si l'on désire encore des faits et des
exemples, on peut lire l'intéressant ouvrage de Grotius De Veritate Rel. Christ. I, et les rapports des
missionnaires chez les peuples païens, Kranz au Groenland, Oldendorp aux Antilles, etc.
5.
L'ivresse de Noé fut une faute évidemment involontaire, soit que le fruit de la vigne avant le
déluge n'eût pas encore sa force enivrante, soit plutôt que la vigne n'eût pas encore été cultivée et que son
usage fût alors inconnu. Il est probable qu'avec l'usage d'une nourriture plus solide et certainement moins
saine que Dieu accorda à l'homme, le besoin d'une boisson plus forte se fit également sentir; l'un et l'autre
de ces aliments auront contribué à l'exécution de la menace divine quant à la durée de la vie humaine; ils
auront influé lentement sur les générations, et c'est lentement aussi, décroissant de génération en
génération, que la vie des hommes s'est resserrée dans les limites que nous lui connaissons aujourd'hui et
dont la moyenne tend encore à diminuer. Noé est mort à l'âge de 950 ans, Sem, à l'âge de 600 ans,
Arpacsad, à l'âge de 438, Sélah, à celui de 433, Héber, à 464, Péleg, à 239, Réhu, à 239, Sérug, à 230, Nacor,
à 148, Taré, à 205, Abraham, à 175, Isaac, à 180, Jacob, à 147. L'ivresse était un spectacle entièrement
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