1.
la thèse 1:1-3;
2.
le développement, 1:4-12:8;
3.
la conclusion 12:8-16.
Le développement lui-même comprend deux parties principales: l'une négative, sur la vanité des choses
de la terre; elle va jusqu'à 6:9; l'autre, positive, sur la nature, l'excellence et les effets bienfaisants de la
révélation divine, jusqu'à 12:7. Quanta l'ordre des idées, on ne peut pas le déterminer, et malgré tous les
efforts qu'on a faits, on n'a pas réussi à exposer l'enchaînement méthodique des arguments, soit que l'âme
trop pleine du prophète ait débordé de tous les côtés, versant à la fois le désespoir et l'espérance, les
plaintes et le repentir, les vieilles erreurs et la nouvelle intelligence; soit, comme le dit naïvement
Heidegger, soit que nos humbles esprits ne soient pas capables de suivre la logique subtile et déliée d'un
si grand roi.
— Le dernier chapitre présente à un haut degré ce caractère d'autorité que les païens remarquaient dans
les discours de Jésus; le sage ne discute plus, il affirme; il ne raisonne plus, il impose: «Jeune homme,
marche comme ton cœur te mène, mais sache que pour toutes ces choses Dieu t'amènera en jugement.
— Crains Dieu, et garde ses commandements, car c'est là le tout de l'homme; parce que Dieu amènera
toute œuvre en jugement, touchant tout ce qui est caché, soit bien, soit mal.»
Personne n'était mieux qualifié que Salomon pour dire: Vanité des vanités, tout est vanité! Il avait joui de
tout, abusé de tout! Richesses, amour, sagesse, il avait vu une fin à toutes ces choses, et plusieurs l'avaient
trompé. D'autres témoignages que le sien eussent été moins forts.
Quant à l'époque de la composition de ce livre, ceux qui supposent un autre auteur que Salomon, la fixent
naturellement de très diverses manières, suivant l'auteur qu'ils donnent à l'Ecclésiaste; nous n'avons pas à
nous en occuper. Pour les autres, ils sont divisés selon qu'ils admettent ou non que Salomon s'est relevé
de sa chute et de son idolâtrie; il a composé l'ouvrage avant sa chute, s'il est mort impénitent; il l'a écrit
après, s'il s'est repenti, et cette dernière opinion qui semble ressortir de la lecture même de l'ouvrage,
nous paraît de beaucoup la plus probable; c'est presque une œuvre de pénitence, et l'on ne peut guère
supposer que celui qui l'a écrite, ait pu faire plus tard une chute éternelle. Qui voudrait admettre que
nous eussions dans l'Écriture l'ouvrage d'un apostat, d'un réprouvé! L'inspiration n'y perdrait rien, si l'on
veut, mais bien le lecteur. D'ailleurs il est difficile de croire qu'un homme aussi privilégié de Dieu, en ait
été dans la suite complètement abandonné (v. Salomon).
On lit dans Calmet: «Luther a dit avec sa liberté, ou plutôt son insolence ordinaire, que l'Ecclésiaste lui
paraissait un auteur plat, qui marchait sans bottes ni éperons, ce sont ses termes; qu'il ressemblait au
Talmud et était un ramas de plusieurs ouvrages; que l'on avait recueilli les maximes de table que
Salomon prononçait dans la débauche et dans la bonne chère, et qu'on les avait écrites dans ce livre.»
L'opinion de Luther a été si souvent citée, que nous croyons ne pouvoir faire mieux que de laisser parler
Luther lui-même. Entre son jugement authentique et l'autorité plus que douteuse de ses Propos de table,
on ne peut hésiter: «Je puis dire en toute vérité, écrit-il en tête de son Commentaire, que j'eus une grande
joie lorsque, pour la première fois, je saisis et découvris quelque peu le sens de l'original; car j'ai, pendant
ma vie entière, essayé mes forces sur ce livre, à plusieurs reprises et avec grand travail et grande
application; mais je n'ai pu tirer aucun profit de tous les commentaires et ouvrages des anciens, jusqu'à ce
que j'aie en quelque sorte conquis l'intelligence du texte hébreu. Tout ce livre avait été interprété
faussement, contre le texte et contre la doctrine chrétienne, et gâté de fond en comble (au temps de la
Réforme, les docteurs catholiques appliquaient d'une voix unanime à la société même, telle que Dieu l'a
réglée, au mariage, aux diverses vocations de l'homme, aux biens terrestres, ce que Salomon dit des abus
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