Page 1184 - Dictionnaire de la Bible J.A. Bost

Version HTML de base

________________________________________
Luc 3:1, fils adoptif de l'empereur Auguste, et second empereur de Rome. D'abord juste et modéré,
comme le sont presque toujours les monarques au début de leur règne, il ne tarda pas à donner essor à
son caractère sombre, égoïste, défiant et cruel. Il supprima les assemblées du peuple romain, et réduisit le
sénat au rôle d'exécuteur servile de ses volontés. Toute plainte était un crime que la mort devait expier.
La délation était encouragée par la protection et les récompenses du tyran. Il fit empoisonner Germanicus
son neveu, jeune guerrier qui s'était signalé par de nombreuses et brillantes victoires en Germanie; la
jalousie lui dicta cet arrêt, qui enveloppa la famille presque entière de cette noble victime. L'infâme Séjan
était son favori et le docile exécuteur des hautes œuvres: après avoir versé des flots de sang, Séjan eut soif
du sang de son maître, porta ses vues jusqu'au trône et fut mis à mort. Tibère, devenu vieux, quitta le
monde, et se retira dans l'île de Caprée, d'où chaque jour il envoyait au sénat la liste des victimes qui
devaient lui être immolées. Saint Luc fixe à la quinzième année de son règne le commencement du
ministère de Jean-Baptise. Ce fut également sous son règne que le Christ souffrit. C'est de lui qu'il est
parlé, Matthieu 22:17; Marc 12:14; Luc 20:22;; 23:2; Jean 19:12. Il mourut âgé de soixante-dix-huit ans, le 16
mars de l'an 37; Néron seul a pu briguer l'honneur de l'égaler en cruautés.
— Tertullien raconte que Tibère ayant entendu parler des miracles de Jésus, aurait conçu l'idée de le faire
admettre au nombre des dieux; ce fait qui n'est du reste pas prouvé, serait en opposition avec ce que
rapporte Tacite, que Tibère fit chasser de Rome 4,000 Juifs, et proscrivit les cultes venus d'Égypte et de
Judée. II est vrai que Tibère n'était pas homme à reculer devant une contradiction.
________________________________________
TIBÉRIADE.
________________________________________
Il a été parlé du lac de ce nom à l'article Génésareth. Quant à la ville de Tibériade, elle était bâtie sur la
rive occidentale du lac, vers le midi, resserrée entre l'eau et la montagne: elle possédait un palais et un
stade assez remarquables. Hérode Antipas, son fondateur, l'avait nommée Tibériade en l'honneur de
l'empereur Tibère; elle fut la capitale de la Galilée avant Diocésarée. Si c'est la même que Kinnéreth, Josué
19:35, elle avait appartenu primitivement à la tribu de Nephthali, mais c'est peu probable, le lot de cette
tribu commençant à Capernaüm, Matthieu 4:13; Josué 19:34. La contrée environnante, qu'entourent de
hautes montagnes, est très chaude et très fertile, mais malsaine et fiévreuse; il y existe plusieurs sources
thermales qui contiennent du soufre, du sel et du fer, et forment un dépôt tantôt blanc, tantôt jaune.
Jésus-Christ n'est jamais entré dans cette ville, dans la demeure du renard, Luc 13:32, du meurtrier de
Jean-Baptiste. La pêche, et le service du lac, formaient la principale occupation de cette population,
presque tout entière grecque et païenne. Néron donna Tibériade à Hérode Agrippa II, et pendant la
dernière guerre des Juifs, elle joua un rôle important; sa défense fut longue et désespérée; Vespasien,
pour la punir, fit abattre une partie de ses murailles. Dès lors elle devint, et pour assez longtemps, une
ville de savants: ce fut là que se rassemblèrent, après la ruine de Jérusalem, quelques Juifs et quelques-
uns de leurs prêtres les plus distingués; ils y jetèrent les fondements d'une académie, qui devint célèbre
par la composition de la Mishna, la fixation des points-voyelles, et la réputation des docteurs qui y
professèrent: elle passait avec Saphet, Hébron et Jérusalem, pour l'une dés quatre villes où, d'après les
traditions talmudiques, le Messie devait séjourner et régner. Elle porte le nom de Claudia Tiberias sur
plusieurs médailles; sur d'autres qui datent du règne de Trajan, elle représente, à cause de ses sources, la
déesse de la santé, ceinte d'un serpent, et assise sur une montagne d'où sort une grande abondance
d'eaux; sur d'autres enfin une barque lui sert d'exergue. Tabarié n'est plus aujourd'hui qu'un gros bourg
de 4,000 habitants, dont un quart de Juifs; il paraît ne pas occuper tout à fait la même place que la
Tibériade historique, dont on trouve encore des ruines assez considérables près de là. Tabarié fut presque
détruite par un tremblement de terre le 1er janvier 1837; les murailles et une partie de l'ancienne ville
résistèrent seules à cette catastrophe; les habitants se sont en hâte rebâti des maisons ou des huttes de
bois. Les sources sont à trente-cinq minutes de là, et à vingt pas du lac.
________________________________________
1182