vengeance nationale. Sans armes il tue un lion, et n'en tire d'autre profit que de proposer une énigme à
ses amis de noce, et de manger le miel que les abeilles ont déposé dans la carcasse. Trompé au jeu, il tue
trente Philistins pour avoir les trente robes de rechange qu'il doit payer. Trompé par son beau-père, qui
donne sa femme à un autre, il prend trois cents chacals qu'il attache deux à deux avec un flambeau entre
les deux queues, les lâche au milieu des blés et des plantations des Philistins et détruit en un jour les
récoltes de l'année. Livré aux Philistins par les hommes de Juda qui trouvent qu'il les défend trop bien
(fidèle image de ces protestants relâchés qui marchent plutôt contre leurs conducteurs avec leurs
ennemis, que contre leurs ennemis avec leurs conducteurs), il se laisse conduire par 3,000 hommes
jusqu'en présence de l'ennemi; les cordes neuves qui l'enchaînent tombent alors de ses bras, et d'une
mâchoire d'âne il abat mille Philistins qui ne s'y attendaient pas; il célèbre sa victoire par ses chants, mais
il oublie que sa force lui vient de Dieu: Dieu doit lui rappeler sa faiblesse,
— Voir: Léhi.
Enfermé à Gaza, il n'essaie point de fuir en cachette; il sort par la porte de la ville, qu'il enlève en passant
et qu'il va placer, à quelque distance de là, sur une colline qui se trouve sur la route d'Hébron. Il plaisante
Délila sur sa curiosité, mais finit par céder à la persistance de ses intrigues féminines; il lui livre son
secret, il est nazarien, et la marque de son nazaréat, son énorme chevelure, tombe sous les ciseaux
philistins: à son réveil, sentant sa tête dégarnie, il sent qu'il n'est plus nazarien, il comprend que Dieu s'est
retiré de lui, et il va faire dans la prison de Gaza de sérieuses réflexions sur sa coupable et malheureuse
légèreté. Mais pendant que ses ennemis s'affaiblissent par leur orgueil, il se fortifie par son humiliation:
privé de la vue et tournant la meule, il sent flotter de nouveau sur ses épaules le symbole du nazaréat; la
paix est rentrée dans son cœur et avec elle le sentiment de sa force. Les Philistins, en un jour de fête, le
font venir pour se réjouir de sa honte; ils dansent, mais ils ne savent pas que c'est sur un volcan; Samson
aveugle les amuse, mais quel jeu! Ses bras puissants saisissent les piliers sur lesquels la maison est
appuyée, et trois mille Philistins périssent ensevelis avec lui sous les décombres de ce vaste bâtiment. Sa
mort fut pour ses ennemis un coup fatal qui les affaiblit considérablement, et permit à sa famille de venir
sans crainte réclamer son corps; il fut enseveli dans le sépulcre de son père, entre Estaol et Tsorah.
De nombreuses difficultés sont à résoudre dans cette vie; de nombreuses réflexions se pressent dans
l'esprit lorsqu'on la lit avec sérieux, et en se rappelant que Samson fut un juge choisi de Dieu; on a vu
ailleurs la solution de quelques difficultés, la réponse à quelques questions, c. Léhi, Nazarien, Manoah,
Lion, Abeille, etc. Nous résumerons ce qui reste à dire sur ce sujet.
1.
Samson, dont le nom signifie petit soleil, était le type du soleil de justice: il n'a pas été le
libérateur d'Israël, il n'a fait que préparer, commencer sa délivrance et sa restauration, que Samuel au
point de vue juif, Jésus-Christ au point de vue chrétien, ont achevée entièrement.
2.
Comment a-t-il pu, malgré son vœu de nazaréat, s'approcher du cadavre du lion, et manger le
miel qu'il y a trouvé? On peut répondre de deux manières. Il est presque sûr, d'abord, que ce cadavre
n'était plus un cadavre, mais un squelette désinfecté; autrement les abeilles n'y seraient pas venues; or un
squelette ne pouvait pas le rendre impur. Puis, il faut le dire, et plusieurs détails de la vie du héros nous y
autorisent, Samson n'y regardait pas de très près, et après avoir avalé le chameau il avait du moins la
droiture et le bon esprit de ne pas couler le moucheron.
3.
Le mariage de Samson avec une Philistine, ses désordres à Gaza, ses relations illicites avec Délila,
sont une preuve évidente des passions voluptueuses du juge d'Israël, et pèsent sur lui beaucoup plus que
le contact du lion décharné. Il est impossible de l'absoudre, car Dieu lui-même l'a condamné; des
tromperies, la prison, le supplice, la mort ont été la suite de son péché, et il a pu comprendre que les pieds
de la femme débauchée conduisent à la mort, Proverbes 5:5; 7:27. Mais nous ne devons pas non plus nous
montrer plus sévère que Dieu même; Samson, comme notre Seigneur, a été seul à fouler au pressoir; seul
pendant toute sa carrière, sans secours, sans sympathie chez ses compatriotes, isolé comme un prophète,
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